Aqueduc Saint-Clément du Pont-canal à Montferrier-sur-Lez

Crédit photo : Wolfgang Staudt - Sous licence Creative Commons

Propriété de la commune

Période

4e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Pont-aqueduc dit Arceaux sur la Lironde, sur la totalité de sa section sur arcades au-dessus de la rivière Lironde et de la route départementale numéro 112E (cad. Montferrier-sur-Lez AD 59 ; Saint-Clément-la-Rivière CD 110) : inscription par arrêté du 19 août 1994 ; L'aqueduc, en totalité, et tous les éléments faisant partie du système d'adduction d'eau et des aménagements de la source du Lez, situé sur les communes de Montferrier-sur-Lez, de Montpellier et de Saint-Clément-de-Rivière, suivants les plans annexés à l'arrêté, pour les parties visibles sur les parcelles cadastrées suivantes : sur la commune de Montferrier-sur-Lez sur les parcelles AD16, AD59, AE32, AE55, AN51, AP72, AS149, AS127, AZ108, AZ124, AY12, AY13, AY14 et AY32 ; sur la commune de Montpellier sur les parcelles AB224, AC213, AD76, AD110, BX255, KL244, KL595, KL911, KP6, KR344, KR566, KR574, KR578, KR580, KS59, KS177, KS511, KT356, KT9, KT82 (allée Fragonard), MS4, MY356, MY357, MY476, MY489, MY732, MY734, MY789, MY795, MY796, MY797, MY805, MY806, MY814, MY815, MY818, MY905, TD144, TD145, TE42, TM3, TM7, TN7 et TN47 ; sur la commune de Saint-Clément-de-Rivière sur les parcelles AC5, AC6, AD3, AE5, AH4, AI6, AI18, AI22, AV23, AV28, AW118, AW119, AX15, AX33, AY4, AY19, AY25, BL2, BL6, BL19, BO46 ; pour les parties enterrées sous les parcelles relevant du domaine public non cadastrées suivantes : sur la commune de Montferrier-sur-Lez : chemin du Val de la Lironde, rond-point de la D112, allée Olympe de Gouges, chemins des Tennis, du Pouget, impasse de la Grande Font, montée des Picadous, chemin Neuf (D127E3), de la Font du Château, Notre-Dame, de la Calade, de l'Ayres des Masques, de la Pinède, du Pioch de Baillos ; sur la commune de Montpellier : rue de la Font-Froide, impasse de la Blanquette, rue de la Lironde, boulevard de la Lironde, route de Ganges (D986), rues André Boulloche, René Etiemble, du Professeur Maximilien Nguyen-Phong, de la Croix de Lavit, Saint-Priest, avenue Ernest Hemingway (D127), avenue des Moulins, D65, rues Jean Bart, Auguste Bérard, de la Goélette, de la Frégate, avenue du Professeur Louis Ravas, rues Edmond Lautard, Paul Rimbaud, Vélasquez, avenue Saint-Clément, rues Croix, de las Cazes, de las Sorbes, de Clémentville, avenue de Lodève, boulevarddes Arceaux ; sur la commune de Saint-Clément-de-Rivière : rond-point au croisement de la D112 et de la D145, rue du Ravin d'Embarre, allée des Lavandins, avenue du Lez, Mas de Fournel : inscription par arrêté du 22 juillet 2022

Origine et histoire de l'Aqueduc Saint-Clément du Pont-canal

L'aqueduc Saint‑Clément, souvent appelé aqueduc des Arceaux pour sa partie finale, se situe sur les communes de Montpellier, Montferrier‑sur‑Lez et Saint‑Clément‑de‑Rivière, dans l'Hérault. Construit entre 1753 et 1765 pour alimenter Montpellier en eau, il a été modifié à plusieurs reprises avant d'être désaffecté en 1983. Certains tronçons ont été protégés au titre des monuments historiques en 1954 et 1994, puis l'ensemble du parcours a été inscrit en 2022.

L'ouvrage se compose de deux branches qui se rejoignent au Mescladou, à Saint‑Clément‑de‑Rivière : l'une part de la Grande Source de Saint‑Clément‑de‑Rivière, l'autre capte la source du Lez via la source dite du « Boulidou ». Réunies, ces branches conduisent l'eau jusqu'au château d'eau de la promenade du Peyrou à Montpellier, en traversant Montferrier‑sur‑Lez.

Depuis le XIIIe siècle, plusieurs projets ont visé à acheminer vers Montpellier des eaux de sources extérieures, notamment en 1456, quand Charles VII incite sans succès la ville à capter la source Saint‑Clément, et en 1673, quand une étude du dénivelé est réalisée. En 1751, le conseil municipal décide la construction d'un aqueduc entre Saint‑Clément‑de‑Rivière et la promenade du Peyrou ; la réalisation est confiée à l'ingénieur Henri Pitot, la première pierre est posée en 1753 et l'inauguration a lieu en 1765. À l'arrivée au Peyrou, le débit mesuré est de 25 litres par seconde. Face à l'essor de la ville, l'ouvrage est prolongé vers le nord jusqu'à la source du Lez en 1859, puis une conduite entièrement souterraine, établie en 1931, double l'aqueduc et porte le débit à 250 l/s. Après l'arrêt d'exploitation en 1983, l'entretien a cessé et l'ouvrage s'est dégradé ; des travaux de restauration d'un aménagement de la source Saint‑Clément ont été réalisés en 2012.

Sur le plan architectural, Pitot s'inspire du pont du Gard en adoptant pour les ponts‑aqueducs deux rangées d'arches superposées, de grandes arches supportant de plus petites ; la faible portée des petites arches limite le risque de fissuration et d'infiltration. L'aqueduc conduit les eaux jusqu'au château d'eau du Peyrou, point le plus haut de la ville avec un dénivelé de 7,14 m. Les estimations de longueur varient selon les sources : les parties aériennes mesureraient entre 931 et 1 371 m, la longueur totale est évoquée entre 9 et 17,5 km — la valeur la plus élevée tenant compte du prolongement vers la source du Lez — et la partie la plus ancienne est donnée pour 7 134 toises, soit environ 13 900 m ; la largeur du radier est indiquée entre 0,3 et 0,7 m selon les documents. Plusieurs ouvrages monumentaux jalonnent le parcours, parmi lesquels l'ouvrage sur la Lironde, inscrit à l'inventaire des monuments historiques, l'aqueduc des Arceaux qui s'étire sur près d'un kilomètre à Montpellier, et le château d'eau du Peyrou.

Un premier projet de Pitot envisageait de franchir la Lironde plus en amont en suivant les courbes de niveau, mais on retint finalement un tracé plus direct nécessitant un ouvrage d'art plus imposant. Le pont‑aqueduc de la Lironde présente sur 254 mètres une double rangée d'arcades superposées : douze arches au premier étage et cinquante‑quatre au second.

Orienté globalement ouest‑est, l'aqueduc des Arceaux relie le réservoir des Arcades au château d'eau du Peyrou. Le pont‑aqueduc du quartier des Arceaux, long d'environ 820 à 880 m, est composé de 53 grandes arches d'ouverture 8 m et de 183 petites arches d'ouverture 2,78 m, pour une hauteur maximale d'environ 22 à 28 m et une largeur au sommet de 1,35 m. Les petites arches surmontent les grandes selon un rythme de trois pour une, sauf côté réservoir des Arcades où vingt‑quatre petites arches reposent sur un mur continu. À l'autre extrémité, un pont de trois grandes arches, construit entre 1765 et 1775, remplace les quatre arches terminales de l'aqueduc d'origine. La maçonnerie fait appel à de grands blocs de pierre de taille d'origine locale.

Le raccordement entre l'aqueduc et le château d'eau est effectif en 1772 après la construction de trois arches supplémentaires, et le château d'eau verse l'eau dans un bassin. Situé à l'extrémité occidentale de la promenade du Peyrou, le château d'eau est de plan hexagonal, percé d'arcades et rythmé de colonnes corinthiennes sur trois faces ; il est couvert d'une dalle en béton qui remplace le dôme d'origine démoli à la Révolution, et des gradins permettent d'accéder en contrebas au réservoir.