Origine et histoire de l'Arc de Germanicus
L'arc dit de Germanicus, situé à Saintes (Mediolanum Santonum), est un arc de l'Antiquité romaine érigé en l'an 18 ou 19 et dédié à l'empereur Tibère, à son fils Drusus et à leur neveu et fils adoptif Germanicus. Ce n'est pas un arc de triomphe, mais un arc routier à deux baies, financé par le notable local Caius Julius Rufus et placé à l'arrivée de la voie Lyon–Saintes, au niveau du pont romain sur la Charente. La dédicace portée sur l'attique est très abîmée pour la partie nommant Tibère et Drusus ; la mention de Germanicus, mieux conservée, permet de dater l'édifice et lui a donné sa dénomination usuelle. Sous cette dédicace, l'entablement indique le nom du donateur C. Iulius Rufus et sa filiation, répétée sur chaque face de l'arc. La restitution du texte épigraphique reste difficile en raison des lacunes et des altérations, ce qui a longtemps entraîné des lectures divergentes des noms paternels et grands‑paternels. Les éléments onomastiques ont été rapprochés de la langue gauloise — Catu-, Aneunos et Agedomopatis —, interprétations qui éclairent la formation des noms. La généalogie affichée témoigne de l'aristocratie et de l'ancrage de cette famille à la tête de la cité des Santons. Julius Gedemo fut le premier membre de la famille à recevoir la citoyenneté romaine, vraisemblablement grâce à Jules César, peut‑être lors de la Guerre des Gaules ou peu après. Rufus est le premier du lignage à porter un nom entièrement romain, signe de la romanisation choisie et progressive de ces notables gaulois. Il est également connu comme prêtre de Rome et d'Auguste par une dédicace retrouvée à l'amphithéâtre de Lugdunum (Lyon), désigné ici comme « Confluent », où se trouvait l'autel des Trois Gaules. L'arc a été restauré en 1666 ; sur proposition de Prosper Mérimée il fut déplacé de vingt‑huit mètres en 1843 lors de travaux sur les quais de la Charente, puis restauré en 1851. L'édifice fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 5 juillet 1905.