Origine et histoire de l'Arc romain
L'arc de Carpentras est un arc monumental romain du Ier siècle, situé dans le centre historique de Carpentras (Vaucluse), entre la cathédrale Saint‑Siffrein et le palais de Justice. Il a été classé sur la première liste des monuments historiques en 1840. Selon l'historien Robert Turcan, il aurait été élevé au Ier siècle en l'honneur de l'empereur Tibère, peut‑être aussi en mémoire de son père, fondateur de la colonie Colonia Julia Meminorum, dite Forum Neronis. À l'époque de sa construction, la ville était la capitale des Memini et figurait parmi les vingt‑deux cités gauloises les plus importantes ; l'arc marquait l'entrée du forum, place publique rassemblant les principaux édifices civiques. La tradition historiographique, non confirmée, évoque un réemploi de l'arc dans la cathédrale romane détruite en 1404. Le cardinal Bichi a intégré l'arc dans la partie ouest de son palais épiscopal, aujourd'hui palais de Justice, et l'édifice a ensuite subi des aménagements où l'arc a même fait partie de l'architecture de la cuisine. Plusieurs projets de déplacement ont été proposés, notamment en 1879 par J. Martin, qui proposait de vendre le monument au musée de Saint‑Germain auquel le musée n'a fourni qu'un moulage des façades, et en 1936 par la commune, sans autorisation de la Commission des Monuments Historiques. L'arc a été décrit par Jules Formigé en 1909 et représenté, entre autres, par des lithographies de Jean Joseph Bonaventure Laurens. Des prisons XIXe jouxtant le palais de Justice enserraient le monument ; ces constructions ont été démolies en 1968, rendant l'arc plus accessible. L'architecture de l'ouvrage rappelle l'arc d'Auguste (arc de Suse) et, comme l'arc d'Orange, présente ses reliefs sur les faces latérales. L'arc mesure environ 10 mètres de hauteur, 7,8 mètres de largeur et 4,53 mètres de profondeur ; il est adossé à la cathédrale Saint‑Siffrein. Il comporte une unique ouverture appuyée sur des pilastres cannelés et deux faces latérales sculptées de trophées encadrant des captifs. Sur la face ouest, un arbre à deux branches est dressé entre deux captifs : à gauche un personnage imberbe coiffé du bonnet phrygien, vêtu d'une tunique ceinturée et d'un long manteau, avec une hache à double tranchant à ses pieds ; à droite un personnage vêtu d'une peau de bête, interprété comme un roi ou tyran hellénistique, avec une sica en forme de tête d'oiseau à ses pieds. Ces reliefs sont interprétés comme la représentation de la défaite d'Orientaux et de peuples du Nord. La face est, difficilement visible en raison de la proximité du bâtiment voisin, présente également deux captifs : le prisonnier de gauche porte des éléments rappelant la cuirasse de l'Auguste de Prima Porta et un casque de type gladiateur de Pompéi, tandis que celui de droite est flanqué d'une chlamyde et porte un diadème. Les façades latérales conservent encore des décors sculptés témoignant de la qualité du relief antique.