Origine et histoire des Arènes d'Arles
L'amphithéâtre d'Arles, érigé au Ier siècle — autour de 80‑90 apr. J.-C. selon certaines sources — répondait à la fonction de grand lieu de spectacles pour une ville alors en plein essor sous les Flaviens. Conçu sur le modèle des amphithéâtres romains, il présente une arène elliptique entourée de gradins desservis par de nombreuses galeries et escaliers, avec des arcades sur deux niveaux pour une longueur totale de 136 mètres et une capacité évaluée à 25 000 spectateurs ; l'attique de couronnement a malheureusement disparu. De la fin du Ier au milieu du IIIe siècle, il est l'un des signes les plus visibles de la romanisation de la région. Le monument reste en usage pour des combats de gladiateurs et des chasses publiques jusqu'à la fin de l'empire romain, des fêtes impériales y étant encore organisées sous Gallus, Constantin et d'autres souverains, tandis que Procope rapporte la tenue de jeux en présence de Childebert en 539. Au cours du haut Moyen Âge, face à l'insécurité croissante, l'édifice est transformé en bastide fortifiée : on y aménage plus de deux cents habitations, des chapelles et des tours de défense. Cette occupation domestique perdure pendant des siècles ; des témoins du XVIe siècle s'étonnent d'y voir encore des logements et des cabanes adossés aux gradins. À partir de la fin du XVIIIe siècle commencent des opérations d'expropriation, aboutissant en 1825 au dégagement progressif de l'amphithéâtre et, en 1830, au retour des spectacles, notamment taurins ; les dernières maisons sont démolies sur décision de la Commission archéologique en 1840. Classé monument historique en 1840 à l'initiative de Prosper Mérimée puis inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981, l'édifice fait l'objet de campagnes de restauration et d'entretien continues. Des interventions méthodiques ont été conduites sous la maîtrise d'œuvre d'architectes en chef des Monuments historiques, avec des études et relevés menés par l'IRAA, des restitutions proposées par Myriam Fincker et des programmes européens et régionaux soutenant la recherche et la valorisation. Une travée de référence et des opérations ciblées, notamment sur la travée 45, ont servi de modèle pour la consolidation de l'ensemble, et un toril a été construit en 1993. La grande campagne menée sous la direction d'Alain‑Charles Perrot s'est achevée en 2013 ; près de 25 millions d'euros ont été consacrés à ces travaux qui ont duré dix ans et figurent parmi les plus importants chantiers patrimoniaux récents en France. Aujourd'hui, l'amphithéâtre est le monument le plus visité d'Arles et continue d'accueillir une vie culturelle active : corridas et courses camarguaises — dont la Cocarde d'Or —, fêtes taurines comme les féria de Pâques et du Riz, spectacles théâtraux et musicaux, ainsi que des reconstitutions de combats de gladiateurs durant l'été. Les arènes ont aussi inspiré de nombreux artistes, tels Vincent van Gogh et Picasso, et ont été photographiées dès le milieu du XIXe siècle par Édouard Baldus et Dominique Roman ; elles apparaissent enfin dans des films, des séries télévisées et des œuvres contemporaines, témoignant de leur présence durable dans la culture populaire.