Origine et histoire de l'Arsenal
L'arsenal Saint-Hilaire, monument historique situé à l'entrée de la rue des Chevaliers au cœur de la vieille ville de Sélestat, occupe une place importante dans l'histoire militaire de la cité. Ses fondations les plus anciennes remontent aux environs de 1280, et l'édifice actuel date du début du XVIe siècle ; la partie subsistante porte la date 1518. Un bâtiment accolé, connu comme l'hôtel de Rothliep et pourvu d'un escalier en vis en chêne daté 1617, était sans doute lui aussi d'époque XVIe ; il fut détruit vers 1910 par l'administration militaire allemande, qui édifia à sa place un bureau de recrutement de style néo-Renaissance. Dès le début du XVIe siècle, l'arsenal devint trop exigu pour stocker toutes les fournitures militaires ; en 1534 le magistrat lui adjoignit un étage de l'arsenal Sainte-Barbe, alors consacré au stockage de marchandises et de denrées. La ville de Sélestat, en plein essor humaniste à cette époque, rayonnait intellectuellement et attirait de nombreux lettrés, dont Érasme de Rotterdam qui y séjourna à plusieurs reprises entre 1515 et 1522. Pendant la guerre de Trente Ans et la conquête de la ville entre 1632 et 1634, l'arsenal passa sous le contrôle du gouvernement militaire français ; sa situation proche des fortifications restait stratégique pour rejoindre rapidement les plates-formes des murailles. En 1785, l'édifice prit le nom du commandant de l'artillerie Marc Gaspard Capriol de Saint-Hilaire après des travaux importants ; il abritait alors armes, salpêtre, munitions ainsi que des outils, du plomb et du goudron. Lors du siège de 1814, un incendie voisin provoqua l'évacuation des munitions entreposées dans l'arsenal par crainte d'une explosion menaçant la vieille ville. Après l'annexion de 1871, les fortifications furent en grande partie démantelées et l'arsenal perdit sa fonction défensive ; il fut converti en caserne et affecté au recrutement militaire pour l'armée allemande (1871-1919) puis française. Inscrit à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1984, le bâtiment fut acquis par la ville de Sélestat en 1986 pour y installer une médiathèque, mais il était encore inoccupé en 1993. Longtemps affecté au ministère de la Défense, il est aujourd'hui passé en mains privées et a fait l'objet d'importants travaux de restauration, la toiture ayant été refaite en 2014 et l'ensemble réhabilité à l'issue d'une campagne achevée en 2020 en collaboration avec la Conservation régionale des Monuments historiques. Construit en brique avec des chaînages d'angle en grès, l'arsenal présente un grenier réparti sur trois niveaux et une charpente en bois remarquable ; ses combles couverts de tommettes témoignent de sa fonction de stockage. La toiture est recouverte de tuiles en queue de castor, caractéristiques du bâti alsacien. La cour accueille régulièrement concerts, pièces de théâtre, expositions et autres événements culturels sous les auvents, et un marché de producteurs locaux se tient chaque samedi matin. Depuis sa rénovation, l'édifice comprend également des appartements loués à la saison ou en location de vacances dans un ensemble nommé Le Rhenanus.