Origine et histoire
Les ruines de l'asile Bethléem témoignent d'une institution catholique privée située à l'angle de la rue de la Raffinerie et de la rue Abbé-Gosse, dans le quartier du Mouillage à Saint-Pierre (Martinique). Le site, autrefois occupé par une habitation conventuelle et une raffinerie des Ursulines dès 1653, passa ensuite aux pères dominicains puis à la paroisse du Mouillage. En 1866, la conférence de Saint-Vincent-de-Paul chercha un lieu pour loger soixante-dix personnes ; les sœurs de Saint-Paul de Chartres vinrent apporter leur concours et, grâce aux dons, deux pavillons furent construits sur un terrain donné par les demoiselles Duchamp de Chastaigné. Ces bâtiments, l'un consacré aux vieillards et l'autre aux enfants, prirent le nom d'asile Bethléem. Après le départ des religieuses en 1874, Laure Duchamp de Chastaigné poursuivit l'œuvre charitable, secondée par l'abbé Cyrille Gosse. Cyrille Gosse, né le 15 août 1829 à Bavant (Normandie), accompagna Mgr Le Herpeur, fondateur du diocèse de Martinique en 1851 ; il enseigna pendant neuf ans, fut successivement affecté à la paroisse de Basse-Pointe puis à l'église du Mouillage, y exerçant comme curé de 1863 à 1875 avant d'être nommé vicaire général en 1875, fonction qu'il conserva jusqu'à sa mort le 15 octobre 1887. L'asile offrait des chambres individuelles pour les vieillards, un accueil pour les enfants, des soins prodigués sans relâche par Laure Duchamp et des consultations médicales pour les malades externes ; un médecin était attaché à l'établissement. Le bâtiment, élevé sur deux niveaux complètement lambrissés, comprenait au rez-de-chaussée les logements des malades, ainsi qu'un jardin, une chapelle, une pharmacie et une chambre à bains. La chapelle comportait un porche, des arcades, une nef et un autel ; à la mort de l'abbé Gosse, sa sépulture fut placée dans le chœur, au pied de l'autel, et la dalle est encore visible parmi les ruines. La catastrophe provoquée par la nuée ardente de la montagne Pelée le matin du 8 mai 1902 réduisit l'asile en ruines et causa la mort de Laure Duchamp et de tous les pensionnaires. Les ruines de la chapelle, avec la dalle funéraire de l'abbé Gosse, ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 6 juin 1980 ; le monument appartient aujourd'hui à une association. Depuis plusieurs années, un garage occupe l'emplacement de l'ancien asile.
