Période
XIXe siècle, 1ère moitié XXe siècle
Patrimoine classé
Atelier dit de Joseph puis de Jean Talbot, avec le four couché, le bâtiment qui l'abrite en totalité, la courette devant le têtier, les emplacements des parçons, le puits et le terrier (cad. Henrichemont C 328 à 332 lieu-dit La Borne-d'en-Bas) ; four couché dit de la famille Talbot-Senée, de Jean, Henri Talbot et Armand Bédu, dit aussi le grand four, le bâtiment qui l'abrite et la loge, en totalité, ainsi que la courette devant le têtier (cad. Henrichemont C 323 lieu-dit La Borne-d'en-Bas) ; four couché dit de Lucien Talbot, la loge, le bâtiment qui les abrite en totalité, les façades et la toiture de l'atelier-maison d'habitation ainsi que le terrier (cad. Henrichemont C 408 lieudit La Borne-d'en-Bas) ; atelier de Vassil Ivanoff en totalité, y compris le four cubique de type Sèvres qu'il abrite (cad. Henrichemont C 382, 383 lieu-dit La Borne-d'en-Bas) ; four à globe dit d'Eugène Bédu, dit aussi du cuirassier et le bâtiment qui l'abrite en totalité (cad. Morogues B 823, lieu-dit La Borne) : inscription par arrêté du 18 novembre 1996
Origine et histoire
Le hameau de La Borne, principal site potier du Berry, est l’un des plus importants centres de production de poteries et de grès en France. Il s’étend le long de la route départementale 22, en lisière des bois de La Borne et d’Humbligny, partagé entre les communes d’Henrichemont et de Morogues, à 4,5 km au sud-est d’Henrichemont, 7 km au nord de Morogues et 32 km au nord-est de Bourges, dans la région naturelle du Pays-Fort. Le lieu est un centre de création céramique ancien, signalé depuis le XIIe siècle, et les sources attestent une activité potière dès le XVIe siècle. La présence de la forêt et d’un important filon de grès a favorisé la production traditionnelle de pièces utilitaires en grès et d’objets d’imagerie populaire. Les premiers fours du XIXe siècle étaient des fours traditionnels horizontaux à chambre unique et à axe de tirage oblique. Vers 1910 apparaissent des fours à flamme renversée adaptés à la cuisson du grès, puis des fours cylindriques verticaux à deux chambres ; au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des fours cubiques de type Sèvres à flamme renversée sont introduits. À la fin du XIXe siècle, le hameau compte environ 700 habitants et 80 potiers. La concurrence des créations en aluminium et en verre amorce le déclin à la fin des années 1920 : on passe de quatorze fours en activité en 1914 à quatre en 1950. Dès les années 1940 puis au fil du XXe siècle, un renouveau artistique s’amorce avec l’arrivée de céramistes de grès qui renouvellent la création, parmi lesquels Jean et Jacqueline Lerat, Paul Beyer, André Rozay et Vassil Ivanoff, bientôt rejoints par Pierre Mestre, Élisabeth Joulia, Yves et Monique Mohy, Jean Linard et Claudine Monchaussé. Le village attire également des potiers étrangers — Anne Kjærsgaard, Gwyn Hansen, Monique Macherel, Christine Pedley — et, dans les années 1960, la production artistique se renforce, soutenue par des ateliers et des tourneurs issus d’entreprises locales. Des diplômés de l’École nationale supérieure d’arts de Bourges et des artistes influencés par l’esthétique anglaise ou par des voyages au Japon contribuent au renouvellement des formes et des techniques, notamment par l’introduction de fours à bois orientaux couchés. Les passionnés de cuisson au bois se rassemblent autour des grands fours lors de symposiums et de cuissons collectives et festives, comme les symposiums de 1977 et 1978, « La Borne en feu » en 1990 et « La Borne s'enflamme » en 2007. Aujourd’hui, environ quatre-vingts potiers et céramistes contemporains travaillent à La Borne et dans les environs. Le patrimoine céramique du hameau comprend un musée consacré à Vassil Ivanoff, installé dans son ancien atelier, un musée de la poterie présentant des pièces anciennes utilitaires et imagières, et le Centre céramique contemporaine, lieu d’exposition permanente, d’expositions internationales et de résidences d’artistes, qui présente un panorama des créations des membres de l’association des céramistes. Cinq fours à bois traditionnels ou d’intérêt historique ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 18 novembre 1996 : le four couché de Joseph puis Jean Talbot, le four couché de la famille Talbot-Senée (Jean, Henri Talbot et Armand Bédu) dit le grand four, le four couché de Lucien Talbot, le four cubique de type Sèvres de Vassil Ivanoff et le four à globe d’Eugène Bédu. Des noms comme Talbot, Bédu, Bernon, Foucher et Avonts illustrent l’histoire des familles potières de La Borne.