Origine et histoire
La Borne est un hameau des communes d'Henrichemont et de Morogues, dans le Cher, en région Centre-Val de Loire, situé le long de la route départementale 22 en lisière des bois de La Borne et d'Humbligny, à environ 4,5 km au sud-est d'Henrichemont, 7 km au nord de Morogues et 32 km au nord-est de Bourges, dans le Pays-Fort, ancienne province du Berry. Situé sur l'itinéraire touristique Jacques Cœur, le site est un centre de création céramique attesté depuis le XIIe siècle et renommé pour sa production de grès. Environ quatre-vingts potiers et céramistes contemporains y travaillent encore aujourd'hui et dans les environs. Des traces écrites montrent une activité potière à La Borne dès le XVIe siècle, et un titre de 1260 mentionne le plus ancien four connu près d'Achères, selon Hippolyte Boyer. Le village a bénéficié de la création d'Henrichemont par Sully et de sa situation au cœur de la forêt, ainsi que d'un important filon de grès, ressources indispensables pour la cuisson au bois et l'accès à la matière première. La production traditionnelle se composait principalement de pièces utilitaires en grès, complétées par des créations d'imagerie populaire recherchées par les collectionneurs. Des familles aujourd'hui célèbres, comme les Talbot, Bédu, Bernon, Foucher et Avonts, ont marqué l'histoire potière du lieu. À la fin du XIXe siècle, le hameau comptait environ 700 habitants et 80 potiers ; la concurrence des créations en aluminium et en verre amorça le déclin à la fin des années 1920. En 1914, quatorze fours fonctionnaient encore, mais il n'en restait que quatre en 1950. La reprise s'effectue dans les années 1960 grâce à l'essor d'une production artistique ; dès les années 1940, plusieurs céramistes de grès renouvelant la création s'y installent, parmi lesquels Jean et Jacqueline Lerat, Paul Beyer, André Rozay et Vassil Ivanoff, arrivé en 1946. Ils sont bientôt suivis par Pierre Mestre, Élisabeth Joulia, Yves et Monique Mohy, Jean Linard (1931–2010) et Claudine Monchaussé, tandis que La Borne attire aussi des potiers étrangers tels qu'Anne Kjærsgaard (Danemark), Gwyn Hansen (Australie), Monique Macherel (Suisse) et Christine Pedley (Grande-Bretagne). Dans les années 1960, Pierre Digan et Janet Stedman créent une entreprise de poterie où travaillèrent des tourneurs qui s'installeront à leur compte à la fermeture de l'atelier, parmi eux Éric Astoul. Des élèves de l'École nationale supérieure d'arts de Bourges, influencés par l'esthétique anglaise de Bernard Leach ou issus des Beaux-Arts, s'installent également à La Borne ; parmi eux figurent Rémi Bonhert, Hildegund Schlichenmaier, Dominique Legros, François Maréchal et Claude et Jean Guillaume. Les échanges internationaux, les voyages au Japon et l'introduction de fours à bois orientaux couchés à une ou plusieurs chambres ont profondément renouvelé les pratiques et les formes. Les passionnés de cuisson au bois se rassemblent régulièrement autour des grands fours lors de symposiums en 1977 et 1978 et lors d'événements collectifs et festifs tels que « La Borne en feu » (1990) et « La Borne s'enflamme » (2007). Le patrimoine céramique du hameau se visite à travers deux lieux consacrés à la céramique moderne : le musée dédié à Vassil Ivanoff, installé dans son ancien atelier, et le Centre céramique contemporaine, qui présente en permanence les créations des cinquante-cinq membres de l'association des céramistes et accueille des expositions internationales ainsi que des résidences d'artistes. Le musée de la poterie retrace la tradition locale avec une collection permanente de pièces utilitaires et imagières et des expositions thématiques. Le 18 novembre 1996, cinq fours à bois traditionnels ou d'intérêt historique ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques : le four couché de Joseph puis Jean Talbot ; le four couché de la famille Talbot-Senée (Jean, Henri Talbot et Armand Bédu), dit « grand four » ; le four couché de Lucien Talbot ; le four cubique de type Sèvres de Vassil Ivanoff ; et le four à globe d'Eugène Bédu.