Banc-reposoir de Kutzenhausen dans le Bas-Rhin

Patrimoine classé Patrimoine rural Banc-reposoirs

Banc-reposoir de Kutzenhausen

  • 31 RD 28
  • 67250 Kutzenhausen
Banc-reposoir de Kutzenhausen
Banc-reposoir de Kutzenhausen
Banc-reposoir de Kutzenhausen
Banc-reposoir de Kutzenhausen
Crédit photo : Ji-Elle - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

1er quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Banc-reposoir dit banc du Roi de Rome (parties subsistantes) (cad. 6 221) : inscription par arrêté du 20 octobre 1982

Origine et histoire du Banc-reposoir

Commanditaire : le préfet Adrien Lezay-Marnésia.
Le banc-reposoir d'Alsace est un type de banc public du XIXe siècle destiné aux haltes des paysans se rendant aux marchés et foires. Les paysannes, lourdement chargées, portaient un panier sur la tête protégé par un coussinet appelé der Wisch, rempli de son et de balle de blé, tandis que les paysans transportaient leurs produits dans une hotte portée au dos. Aux haltes, les femmes pouvaient poser leurs fardeaux sur un linteau puis s'asseoir sur la dalle inférieure du banc, souvent à l'ombre de quatre tilleuls; de part et d'autre, deux bornes permettaient de déposer des hottes ou de faciliter le remontage des cavaliers. On distingue en Alsace deux grandes campagnes de bancs-reposoirs commémoratifs : les bancs dits du Roi de Rome, datés de 1811, et ceux de l'Impératrice Eugénie, datés de 1854. Les bancs dits du Roi de Rome ont été érigés en 1811-1812 à l'initiative du préfet du Bas-Rhin Adrien de Lezay-Marnésia pour commémorer la naissance de l'Aiglon, fils de Napoléon Ier et de Marie‑Louise d'Autriche ; dans une lettre aux municipalités le préfet demandait l'établissement de reposoirs en pierre, espacés d'une demi-lieue, pour la commodité des voyageurs et des cultivateurs, chaque reposoir devant être pourvu d'un banc et d'arbres. Tous les frais étaient à la charge des communes, qui réalisèrent massivement ces « Nabele Bänk », malgré l'opposition de quelques communes au terrain trop vallonné. On compta 125 bancs construits en 1811 et probablement davantage par la suite, mais très peu ont subsisté. L'initiative de l'Impératrice Eugénie, concrétisée par le préfet Auguste‑César West, reprit l'idée de Lezay‑Marnésia ; à la différence de la campagne précédente, le département prit en charge l'achat et la taille des pierres, répondant ainsi aux hésitations des communes après la crise des années 1846‑1848. En 1854, 448 de ces monuments en grès des Vosges furent édifiés le long des chemins et routes d'Alsace ; souvent mutilés par les intempéries et par l'homme, ils subsistent toutefois dans les campagnes. Des bancs antérieurs aux campagnes napoléoniennes, datés du XVIIIe siècle et répondant à des besoins locaux, sont connus, dont un exemplaire à la sortie de Molsheim sur la RD 422, et il est possible que celui de Ribeauvillé soit antérieur aux bancs du Roi de Rome. Des variantes postérieures apparaissent vers 1875-1880, comme des bancs-sièges en grès autour d'Erstein et d'Obernai, ainsi que des bancs commémoratifs ou plus rustiques, en bois, de type supplétif. Sous l'annexion allemande, des mesures d'entretien furent prescrites en 1906 après une campagne de presse, mais sans suite; en 1910 l'administration de Basse‑Alsace estima que la forme ancienne ne répondait plus aux besoins modernes et déclara superflue la dalle supérieure, jugée inutile avec l'apparition de petites carrioles, de sorte que les bancs brisés n'avaient plus vocation à être restaurés. À partir des années 1980, plusieurs bancs‑reposoirs d'Alsace ont été inscrits à l'inventaire des monuments historiques et bénéficient de protections. Enfin, les exemplaires conservés présentent des variantes formelles : certains sont curvilignes avec dossier, d'autres semi‑circulaires à une dalle-siège avec montants à petit chapiteau, quelques-uns offrent un linteau‑siège soutenu par des montants à chapiteau, d'autres encore deux linteaux ou des montants à base élargie, ainsi que des modèles à extrémités arrondies ou à linteau supérieur associé à une dalle‑siège extérieure.

Liens externes