Origine et histoire
Banc commandité par le préfet et daté 1856 sur la traverse, ce banc-reposoir a été élevé à la suite de la circulaire de 1853 du préfet du Bas-Rhin Auguste-César West ; il a toutefois été entièrement refait au XXe siècle. Les bancs-reposoirs d'Alsace sont des bancs publics du XIXe siècle destinés à faciliter les haltes des paysans lors des marchés et foires. Lourdement chargées, les paysannes posaient leurs paniers protégés par un coussinet dit der Wisch et pouvaient déposer leurs fardeaux sur le linteau supérieur pour s'asseoir sur la dalle inférieure, souvent à l'ombre d'une rangée de quatre tilleuls. Deux bornes disposées de part et d'autre servaient à soutenir les hottes des hommes ou à permettre aux cavaliers de se remettre en selle. On distingue traditionnellement deux grandes séries de ces monuments : les bancs dits du Roi de Rome (ou Marie‑Louise), datés de 1811, et les bancs de l'Impératrice Eugénie, datés de 1854. Les premiers ont été érigés en 1811-1812 à l'initiative du préfet Adrien de Lezay‑Marnésia pour commémorer la naissance de l'Aiglon ; dans une lettre du 22 avril 1811 il proposait d'implanter un reposoir en pierre tous les demi‑lieu et d'y associer arbres et bancs. Les communes prirent à leur charge les frais et 125 bancs furent construits en 1811, mais très peu ont survécu. L'initiative reprise par Auguste‑César West répondait en 1853 à un vœu de l'Impératrice Eugénie ; cette fois le département finança l'achat et la taille des pierres, ce qui permit d'édifier 448 monuments commémoratifs en grès des Vosges en 1854. Souvent mutilés par le temps et par les hommes, ces bancs subsistent néanmoins dans de nombreuses campagnes. Des précédents existent : des bancs du XVIIIe siècle, conçus pour le repos ou l'agrément, sont encore attestés, notamment à la sortie de Molsheim, et certains exemplaires de Ribeauvillé pourraient être antérieurs aux séries napoléoniennes. Des formes postérieures apparaissent ensuite : des bancs‑sièges en grès datés des années 1875-1880 autour d'Erstein et Obernai, des bancs commémoratifs liés à des travaux routiers et des bancs supplétifs plus simples en bois. Durant l'annexion allemande, des prescriptions d'entretien furent émises en 1906 après une campagne de presse, sans effet notable, puis l'administrateur de Basse‑Alsace, le 27 juillet 1910, jugea la forme de ces bancs inadaptée aux usages contemporains et estima la dalle supérieure inutile ; il déclara qu'il n'était plus nécessaire de restaurer les bancs brisés. À partir des années 1980, plusieurs bancs‑reposoirs d'Alsace ont été inscrits à l'inventaire des monuments historiques et bénéficié d'arrêtés de protection. Les exemplaires conservés présentent des variantes de forme, notamment selon la disposition des dalles‑sièges et des montants, témoignant de l'adaptation locale de ce mobilier routier commémoratif.