Origine et histoire
Ce banc-reposoir a été commandé par le préfet et appartient au type érigé à la suite de la circulaire de 1853 du préfet du Bas‑Rhin, Auguste‑César West ; la traverse porte la date de 1860. Les bancs‑reposoirs d'Alsace sont des bancs publics du XIXe siècle destinés aux haltes des paysans se rendant aux marchés et foires. Chargés de produits, les paysans et surtout les paysannes cherchaient un lieu pour déposer et soulager leurs fardeaux. Les paysannes portaient leur chargement sur la tête, protégé par un coussinet appelé der Wisch, et les paysans utilisaient des hottes accrochées au dos. Lors des haltes, on posait les fardeaux sur le linteau et l'on prenait place sur la dalle inférieure, souvent à l'ombre de quatre tilleuls. De part et d'autre du banc, deux bornes permettaient de poser les hottes ou d'aider des cavaliers à se remettre en selle. En Alsace coexistent deux séries principales de bancs‑reposoirs napoléoniens : ceux appelés du Roi de Rome, dits aussi bancs Marie‑Louise, datés de 1811, et ceux de l'Impératrice Eugénie, datés de 1854. Les bancs du Roi de Rome furent érigés en 1811‑1812 à l'initiative du préfet Adrien de Lezay‑Marnésia pour commémorer la naissance de l'Aiglon ; la charge financière incombait aux communes. On en construisit 125 en 1811 et probablement davantage par la suite, mais très peu ont survécu. L'initiative d'Auguste‑César West reprit cette idée en 1853 à la demande de l'Impératrice Eugénie ; cette fois le département prit en charge l'achat et la taille des pierres. En 1854, 448 de ces monuments en grès des Vosges furent édifiés le long des chemins et routes d'Alsace ; beaucoup ont été mutilés par le temps ou l'abandon, mais certains subsistent. Des bancs antérieurs au XIXe siècle, liés à des besoins locaux comme le repos du promeneur ou du vendangeur, sont connus dès le XVIIIe siècle ; au moins un exemplaire subsiste à la sortie de Molsheim sur la RD 422, et celui de Ribeauvillé pourrait être antérieur aux bancs du Roi de Rome. Après 1870 apparurent des variantes : bancs‑sièges en grès datés des années 1875‑1880 autour d'Erstein et Obernai, bancs commémoratifs liés à des aménagements routiers et bancs plus simples utilisant le bois. Sous l'annexion allemande, des mesures d'entretien furent prescrites en 1906 sans effet, puis en 1910 l'administration jugea ces bancs inadaptés aux usages modernes, estimant la dalle supérieure inutile et le siège en pierre peu confortable, et recommanda de ne pas restaurer les bancs brisés. Dans les années 1980, plusieurs bancs‑reposoirs d'Alsace furent inscrits à l'inventaire des monuments historiques et protégés par arrêté.