Origine et histoire du Baptistère
Les vestiges du baptistère paléochrétien de Portbail (Manche) se dressent au lieu-dit le Clos Michel, près du collège André-Miclot et derrière la mairie, au sein de la commune nouvelle de Port-Bail-sur-Mer. L'ensemble est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 1er juillet 1958. Daté du IVe ou Ve siècle, ce baptistère a été mis au jour en 1956 lors de travaux pour l'école primaire. Des fouilles menées entre 1956 et 1978 par Michel de Boüard et Christian Pilet, puis une nouvelle étude en 1998 dans le cadre d'un projet de restructuration du bâtiment de protection réalisé par les Beaux-Arts en 1977, ont permis d'en documenter la structure. En 1999, des sondages dirigés par François Caligny Delahaye ont mis au jour les fondations d'un fanum situé à une quinzaine de mètres à l'est, alors encore en élévation, et ont montré que le canal d'évacuation de la piscine baptismale avait été infléchi pour longer le mur sud de la galerie du sanctuaire. À la seconde moitié du VIIe siècle, l'ensemble fut réoccupé par un cimetière où l'on a découvert de nombreux sarcophages en calcaire et une chapelle funéraire dédiée à saint Michel ; cette chapelle fut détruite après 1697 et le cimetière fermé en 1910. Une poudrière a par ailleurs été édifiée sur les vestiges du baptistère. Les fouilles ont permis de dresser le plan de l'édifice et de reconnaître la piscine baptismale, les canalisations d'adduction et d'évacuation, la partie basse des murs extérieurs et plusieurs inhumations en sarcophage. Le bâtiment présente un plan hexagonal concentrique, les murs extérieurs mesurant de 4,80 à 5,20 mètres, et s'ouvre à l'ouest par deux absidioles encadrant la porte d'entrée et le vestibule. La piscine centrale, également hexagonale, a une profondeur de 60 centimètres et des côtés extérieurs de 1,20 à 1,50 mètre ; elle était recouverte de dalles de schiste bleu locales et alimentée par une conduite venant du sud-est. Il s'agit, à ce jour, du seul baptistère de plan hexagonal daté du Ve siècle trouvé au nord de la Loire. La présence d'un tel édifice à Portbail, alors que le baptême des adultes relevait habituellement de l'évêque et d'un bâtiment proche d'une cathédrale, pose la question de sa vocation. Deux hypothèses ont été avancées : François Fichet de Clairfontaine suggère que l'évêque de Coutances disposait ici d'une résidence, tandis que Julien Deshayes propose qu'il s'agisse d'un baptistère monastique lié à une abbaye antérieure aux invasions scandinaves et réactivée par la suite. Dans la donation de Richard III à son épouse en 1026, le terme abbatia est employé, le lieu y figurant comme dépendance du domaine ducal donnée en dot à Adèle de France. Des fouilles pratiquées à Meysse et à Roanne ont par ailleurs révélé l'existence de baptistères en dehors d'une cité épiscopale, fournissant un parallèle possible à la situation de Portbail.