Origine et histoire
Le barrage des Mazelles, à Thésée et également sur la commune de Pouillé, est un ensemble technique qui a constitué un jalon important du patrimoine hydraulique. Il appartient au type de barrage à aiguilles inventé par M. Poirée en 1833 et mis en œuvre pour la première fois à Basseville sur l'Yonne en 1834. Ce type a été développé lors de la canalisation du Cher, entre Saint-Aignan et Tours, menée globalement entre 1838 et 1843. L'ingénieur en chef d'Haranguier de Quincenot a amélioré ces ouvrages en remplaçant le pont en planches par des tabliers en tôle solidaires des fermettes, reliées entre elles et servant de passerelle. Le surpoids ainsi créé a été compensé par l'emploi d'un petit treuil mobile permettant de lever le barrage en une seule manœuvre au lieu de trois, dispositif ensuite adopté sur des barrages de la Meuse belge. Comme les autres barrages mobiles du Cher, ceux-ci se caractérisent par des fermettes de taille relativement réduite, adaptées à la largeur de la rivière (n'excédant pas 2,50 m), et par la présence d'un déversoir limitant les risques de submersion en cas d'éclusée ou de crue. Ils remplacent le radier et seuil en maçonnerie par une longrine, plus adaptée à l'entretien et plus facile à changer. Ces ouvrages, antérieurs à ceux de la canalisation de la Seine, apparaissent comme les premiers barrages à aiguilles élaborés pour la canalisation de rivière et auraient servi de prototype en Europe et aux États‑Unis (Ohio, etc.). Témoins de l'âge industriel, ils constituent un domaine du patrimoine vulnérable face aux mutations techniques. Le barrage des Mazelles est un barrage à fermettes mobiles et à aiguilles de ce type ; il comprend un pertuis navigable pouvant être barré, une écluse en maçonnerie assurant la communication entre biefs et fermée à chaque extrémité par deux vantaux métalliques non originaux, ainsi qu'un déversoir pour l'écoulement en cas de fort débit. La partie mobile est formée de fermettes trapézoïdales, orientées parallèlement au courant, qui peuvent être couchées au fond ou relevées en pivotant sur leur base fixée au radier par une longrine. Les fermettes sont reliées entre elles par des plaques métalliques, les tabliers, articulés sur chaque fermette et constituant une passerelle de service. Les aiguilles, en sapin du Nord, forment la retenue d'eau : elles sont plaquées à l'amont par le courant, s'appuient au fond contre un seuil du radier et en haut contre les tabliers. Le débit peut être réglé selon le nombre d'aiguilles en place et, comme à Montrichard, selon leur orientation petit ou grand côté face au courant. L'espacement entre deux fermettes est de 1 mètre et les aiguilles mesurent 2,75 mètres, ce qui permet une retenue d'eau d'environ 2,10 mètres. La hauteur des fermettes, proche de 1,50 mètre, indique une date ancienne de construction. Le barrage mobile à aiguilles des Mazelles a été construit en 1839 sous la direction de l'ingénieur Camille Bailloud. En 1902, le déversoir fixe a été reconstruit par l'entrepreneur Alphonse Bodin.