Origine et histoire du Barrage Vauban
Le barrage Vauban, aussi appelé Grande Écluse de fortification et parfois désigné sous les noms d’écluse aux farines ou pont-casemate, est un pont‑écluse classé monument historique situé à Strasbourg. Construit de 1681 à 1688 par l’ingénieur Tarade d’après les plans de Vauban, il a été édifié car l’entrée de l’Ill dans le centre historique constituait un point faible des défenses. Face aux progrès de l’artillerie, les anciens ponts couverts ne suffisaient plus et l’on décida d’implanter, une centaine de mètres en amont, une construction capable de répondre aux exigences de la guerre moderne. Baptisé « Grande Écluse », le barrage pouvait, par la fermeture de ses vannes, élever le niveau de l’Ill et inonder les terrains situés au sud de la ville, transformant champs et vergers en marécages destinés à entraver l’ennemi. Il fut utilisé lors du siège de Strasbourg en 1870, provoquant l’inondation des quartiers en amont. Après 1870, les autorités allemandes élevèrent le barrage d’un étage et le recouvrirent de terre et de gazon. En 1966, la ville aménagea une terrasse panoramique sur son toit. Le barrage Vauban est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 18 mai 1971. En 2011, il a été l’objet d’une étude archéologique du bâti menée par le Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan sous la direction de Maxime Werlé, complétée par une étude des archives.
L’édifice comporte treize arches équipées de vannes fermées par des panneaux de fer mobiles permettant de contrôler les inondations, ainsi que des herses empêchant le passage des embarcations ; les trois arches marinières, plus hautes, étaient relevées pour la navigation. Remanié en 1865 pour résister aux bombardements, le barrage a vu sa façade aval en pan de bois maçonnée et sa toiture comblée de terre afin d’absorber les impacts. Il joue aussi le rôle de passage entre les rives de l’Ill et comporte trois ponts‑levis. Deux escaliers intérieurs et un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite donnent accès au toit qui sert de terrasse et offre une vue sur les ponts couverts et la cathédrale. Le « passage public » porte le nom de Georges Frankhauser ; on y expose des statues et des moulages en plâtre des statues de la cathédrale, et des expositions temporaires y sont présentées, parmi lesquelles la Biennale Internationale du Verre en 2013 et 2015.
Le barrage enjambe l’Ill en amont des ponts couverts et de la Petite France, reliant la place Jean‑Arp à la place du Quartier‑Blanc et prolongeant les anciennes fortifications aujourd’hui disparues. À proximité des deux extrémités se trouvent l’hôtel de la Collectivité européenne d’Alsace côté place du Quartier‑Blanc, ainsi que le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg et la commanderie Saint‑Jean, qui abrite l’Institut national du service public, côté place Hans‑Jean‑Arp. En aval, devant les tours des ponts couverts, deux séries d’embrasures très proches du niveau de l’eau semblent correspondre à des emplacements analogues aux batteries de rupture des ports fortifiés, permettant éventuellement de couler des bateaux tentant d’investir la place.
Entre 2010 et 2012, la Ville de Strasbourg a mené des travaux de restauration, de mise en valeur et de mise en sécurité sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte en chef des monuments historiques Christophe Bottineau. L’intervention a compris la réfection complète de la terrasse et de l’étanchéité, la création d’une toiture végétalisée remplaçant les talus existants, l’amélioration de l’accès à la terrasse et son accessibilité aux personnes à mobilité réduite par la mise en place de deux escaliers et d’un élévateur, la sécurisation et la mise en propreté du niveau inférieur, ainsi que la restauration des façades avec remplacement des pierres altérées, dessalement, nettoyage et rejointoiement des parements.