Période
4e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
La basilique du Sacré-Cœur en totalité, comprenant sa crypte et sa sous-crypte, le pont-galerie nord qui la relie aux annexes en totalité, les façades et toitures des deux bâtiments annexes et de la galerie sud, la salle servant de sacristie et son hall d'accès dans le premier bâtiment d'annexe, avec leur parcelle d'implantation, y compris les grilles qui la délimitent, ainsi que le square Louise-Michel comprenant ses parties construites, ses aménagements paysagers et les grilles qui le délimitent, ainsi que le talus et les trois escaliers situés entre le parvis et la rue du Cardinal-Dubois (ces deux derniers éléments étant exclus), le tout situé 35 rue du Chevalier-de-La-Barre, sur la parcelle n° 23, figurant au cadastre section BN, sur la parcelle n° 2, figurant au cadastre section BP, et sur le domaine public communal non cadastré pour ce qui concerne les trois escaliers et le talus entre la basilique et le square, tel que figuré sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 13 décembre 2022
Origine et histoire de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre
La basilique du Sacré-Cœur est née d'un vœu formulé par Alexandre‑Félix Legentil, soutenu notamment par Hubert Rohault de Fleury, à la suite des événements de la guerre de 1870. Souvent désignée sous le nom de « Vœu national », elle illustre la dimension religieuse et nationale du projet. Le chantier prend une dimension publique après la loi la déclarant d'utilité publique en 1873 et le concours de 1874 remporté par Paul Abadie. La colline de Montmartre a été choisie pour l'implantation en raison du manque d'églises dans l'ancien village annexé, de sa charge religieuse liée au martyre de saint Denis et de sa situation dominante, visible de tout Paris. Financée par une vaste souscription nationale, la construction et la décoration s'étalent sur près d'un demi‑siècle. Les fondations sont engagées en 1877 et la crypte, de dimensions équivalentes à l'église haute, est édifiée entre 1878 et 1889. La construction de l'édifice haut commence en 1881 ; les façades sont terminées en 1891, les coupoles en 1899 et le clocher en 1914. La basilique est mise en service dès 1891 et consacrée en 1919, tandis que la décoration intérieure se poursuit ensuite. La grande mosaïque du chœur est achevée en 1923, la chapelle Saint‑Ignace‑de‑Loyola en 1934 et l'ensemble des vitraux, détruits pendant la Seconde Guerre mondiale, est refait entre 1946 et 1977. Après la mort de Paul Abadie en 1884, plusieurs architectes se succèdent — Honoré Daumet, Charles Laisné, Henri Rauline, Lucien Magne et Jean Hulot — avec Charles Garnier intervenant comme architecte‑conseil, chacun faisant évoluer le projet dans le respect de ses grandes lignes. Le décor associe une soixantaine d'artistes, parmi lesquels Hippolyte Lefebvre, Pierre Séguin, Léon Fagel, Jean‑Auguste Dampt, Léon‑François Sicard, Luc‑Olivier Merson, Raymond Subes, Louis‑Ernest Barrias, Henri Pinta et René Martin. Les annexes, conçues par Jean Hulot, comprennent un premier bâtiment à l'est, réalisé au début des années 1930 et relié à la basilique par un pont‑galerie abritant la sacristie, un second édifice accolé dans les années 1950 et une seconde galerie construite vers 1962 selon des procédés plus économiques. La ville de Paris, propriétaire de la basilique depuis 1908, a fait aménager la partie sud de la butte dans les années 1920 par Jean‑Camille Formigé et Léopold Bévière ; cet aménagement met en valeur l'édifice par une perspective formée de deux grands escaliers droits, flanqués d'escaliers diagonaux en zigzag. Conçue pour accueillir les pèlerins, l'église présente un plan basilical avec déambulatoire et chapelles rayonnantes ; sa nef, couverte de cinq coupoles, lui confère aussi l'apparence d'un plan centré. Propriété de la commune de Paris et qualifiée de sanctuaire de l'adoration eucharistique et de la miséricorde divine, la basilique du Sacré‑Cœur est un édifice religieux majeur de la capitale.