Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame de Brebières
Notre-Dame-de-Brébières est un haut lieu de pèlerinage marial en Picardie, attesté depuis les XIe–XIIe siècles et connu d’autant plus avec le renouveau de la dévotion mariale au XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, sous l'impulsion du curé-doyen Anicet Godin, une nouvelle église fut édifiée pour remplacer l'ancienne paroissiale devenue trop petite ; les plans sont de l'architecte Edmond Duthoit (1884–1897). En 1895, Léon XIII conféra à l'édifice le titre de basilique mineure et le qualifia de « Lourdes du Nord ». Influencé par ses voyages au Proche et au Moyen-Orient, Duthoit combina des références variées : le clocher-porche évoque un minaret de Tlemcen, la corniche de l'abside rappelle Monreale en Sicile, et l'ensemble mêle éléments de basiliques chrétiennes, d'architecture byzantine et d'églises romanes de pèlerinage. L'édifice en brique adopte un plan inspiré des premières basiliques chrétiennes : une nef de cinq travées flanquée de collatéraux ouvrant sur des chapelles, une grande abside surélevée encadrée d'absidioles et une croisée du transept surmontée d'une tour-lanterne. La façade présente un porche à trois portails sous un clocher-porche couronné d'un dôme portant une Vierge dorée de six mètres revêtue de 40 000 feuilles d'or ; une galerie extérieure offre un belvédère sur la ville. La basilique mesure environ 70 mètres de long, 35 mètres de large au transept et présente une hauteur sous plafond de 23 mètres. Durant la Première Guerre mondiale, l'édifice fut gravement endommagé : en 1915 un obus inclina la statue de la Vierge, image devenue légendaire et largement diffusée par les soldats, puis la basilique fut anéantie lors des offensives de 1918. La reconstruction, conduite par Louis Duthoit entre 1927 et 1931, a restitué l'architecture dans ses grandes lignes, la décoration intérieure n'ayant été restituée que partiellement. Le décor associe mosaïques, peintures murales et vitraux : les mosaïques ont été dessinées par Albert Polart et Le Breton et réalisées par Jean Gaudin, les peintures murales sont de Victor-Ferdinand Bourgeois et les vitraux figurés de Jacques Gruber. Dans l'abside, la mosaïque du Couronnement de la Vierge, initialement réalisée par Giandomenico Facchina d'après Georges Grellet et détruite pendant la guerre, a été refaite d'après les dessins originels entre les deux guerres. La statue de Notre-Dame de Brebières, attribuée au XIVe siècle et exposée dans une niche de l'abside, a retrouvé ses couleurs lors d'une restauration en 2014. La grande statue qui couronnait le dôme, dite Madone aux brebis et due à Eugène Delaplanche, fut détruite ; la réplique installée pendant la reconstruction est l'œuvre d'Albert Roze, qui signe aussi de nombreuses sculptures et médaillons de la basilique. Le mobilier liturgique comprend le maître-autel, la chaire, les fonts baptismaux en marbre de Carrare, un lutrin en forme d'aigle du XVIIIe siècle et l'ombrellino. Le trésor conserve divers objets liturgiques et deux couronnes en argent incrustées de pierreries, œuvres de la maison Mellerio (1901) aujourd'hui conservées par le trésor de la cathédrale d'Amiens. L'orgue de tribune initial, réalisé par Joseph Gutschenritter en 1901, fut détruit et remplacé en 1958 par un instrument de la maison Jacquot-Lavergne comptant 1 944 tuyaux ; en 2018 le facteur Antoine Pascal a entrepris des travaux de sauvegarde et d'entretien, estimant l'instrument à 400 000 euros. L'orgue de chœur, également de Jacquot-Lavergne, est un instrument de système unit réutilisant un buffet ancien de la manufacture Merklin. Le beffroi en bois abrite quatre cloches d'airain fondues par Wauthy en 1934, dont le bourdon « Marie de Brebières » (6 300 kg) ; les battants de trois de ces cloches ont été remplacés en 2018. La programmation sculptée et picturale réunit des œuvres d'Albert Roze, d'Anne-Marie Roux et d'autres artistes, tandis que la basilique conserve deux tableaux d'Adrien Duthoit. En 2016, dans le cadre des commémorations du centenaire de la bataille de la Somme, la basilique a accueilli un Concert de la paix donné par la cantatrice Barbara Hendricks et l'orchestre de Picardie. Le Musée Somme 1916 se situe juste au sud de la basilique.