Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame de la Délivrande
La basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande, située à Douvres-la-Délivrande dans le Calvados, est une basilique mineure catholique érigée sur l’un des plus anciens lieux de pèlerinage marial de Normandie, dédié à la Vierge Marie et à la Vierge noire depuis le VIIe siècle ; son décor intérieur comporte des éléments signés René Lalique. Le pèlerinage, dont l’origine est parfois rapportée à l’époque gallo-romaine, a succédé à un culte païen et s’est développé sous l’égide de Regnobert, évêque de Bayeux, mort en 666 ; il fut très réputé au Moyen Âge et honoré par Louis XI en 1470 et 1473. Parmi les pèlerins célèbres figurent saint Jean Eudes en 1643 et sainte Thérèse de Lisieux, venue en 1887 avec son père et ses sœurs, dont la venue est rappelée par deux grandes statues placées à l’entrée du transept ; Gustave Flaubert évoque aussi le lieu dans Bouvard et Pécuchet. La paroisse accueille environ 18 000 pèlerins chaque année et mène un important service évangélique des malades, avec des bénévoles qui distribuent la communion chaque dimanche en maisons de retraite et à domicile.
La basilique actuelle succède à plusieurs édifices antérieurs : une première chapelle, bâtie entre 625 et 666 sur la dalle Yvrande, fut détruite par les Vikings en 830 ; une seconde, édifiée vers 1150 sur le lieu de la découverte de la statue de la Vierge noire — découverte que la tradition attribue à l’intervention d’un mouton — fut agrémentée au XVe siècle par l’ajout d’une chapelle en 1422 et par le pavage et la peinture de la voûte en 1434. La statue primitive fut détruite pendant les guerres de Religion en 1562 et remplacée en 1580 ; au début du XVIIIe siècle, on aménagea un grand autel, une grille séparant la nef du chœur, de nouveaux autels dans le transept et des lambris richement décorés. Jusqu’en 1839, l’église dépendait de la commune de Luc-sur-Mer ; des vestiges subsistent à l’angle de l’avenue de la Basilique et de la rue du Bout-Varin.
Au milieu du XIXe siècle, la vieille église romane fut jugée trop exiguë et dépourvue de clocher. En 1854, l’architecte Jacques-Eugène Barthélémy entreprit la construction d’un clocher accolé à la chapelle, puis fut chargé d’édifier une nouvelle nef ; la démolition de l’ancienne église commença en 1862 et la première pierre de la nouvelle nef fut posée le 5 août 1862. En 1865, Barthélémy proposa un plan général incluant les chapelles Saint-Joseph et Sainte-Anne, le chœur et un second clocher ; l’ensemble fut réalisé dans le style néogothique normand. En 1872, le pape Pie IX accorda à la Vierge noire le privilège du Couronnement, acte accompli par le cardinal Henri de Bonnechose le 22 août 1872 ; le second clocher fut béni en 1878 et le chœur terminé avec ses vitraux en 1881. Pour faciliter l’accès des pèlerins, le quartier fut desservi à partir de 1875 par la gare de Chapelle-la-Délivrande sur la ligne de Caen à la mer, exploitée jusqu’à la fermeture de la ligne en 1950. Léon XIII érigea l’église en basilique mineure en 1895 et elle fut consacrée le 22 août 1895. Les combats de la bataille de Normandie en 1944 ont peu endommagé l’édifice ; seuls les vitraux ont dû être progressivement reconstitués.
La nef est bordée de petites chapelles dont les vitraux représentent principalement des apparitions mariales — Notre-Dame de La Salette, Notre-Dame de Lourdes, la Médaille miraculeuse, Notre-Dame de Pontmain et Notre-Dame de Fátima — tandis qu’une sixième évoque le Sacré-Cœur. Les fenêtres hautes retracent divers vocables de Marie, tels que Notre-Dame des blés, du Bel-Amour, des flots, de la route, de la paix, des volcans, des neiges et de la clarté. Les chapelles conservent de nombreux ex-voto et des maquettes de bateaux offertes par des marins. Parmi les éléments notables figurent l’autel, la nef et la rosace, l’emplacement et la statue de la Vierge noire, la médaille du couronnement dans ses deux faces et l’une des miséricordes des stalles du chœur.