Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame-des-Miracles
La basilique Notre‑Dame‑des‑Miracles de Mauriac est une église romane auvergnate située à Mauriac, dans le Cantal, classée au titre des monuments historiques depuis 1840 et considérée comme la plus vaste église romane de Haute‑Auvergne depuis la destruction de l’abbaye Saint‑Géraud d’Aurillac. Le site est occupé dès l’époque gallo‑romaine et sa fondation est entourée de récits légendaires mettant en scène sainte Théodechilde, parfois dite fille ou petite‑fille de Clovis, dont l’existence et la filiation restent discutées ; d’autres sources anciennes la présentent comme fille de Thierry Ier. Les traditions mentionnent aussi Basolus, comte d’Auvergne, et les interventions du roi Thierry qui conduisirent, selon les textes, à des donations de terres à Théodechilde et à l’abbaye Saint‑Pierre‑le‑Vif de Sens. Une des légendes rapporte qu’au retour d’un séjour en Auvergne Théodechilde aurait été miraculeusement sauvée d’une lionne par la Vierge, événement à l’origine d’une chapelle puis d’un monastère, construit sur l’emplacement d’un ancien temple de Mercure selon le récit. Il est probable que l’abbaye Saint‑Pierre de Mauriac ait été instituée pour gérer des domaines dépendant de Sens, et des chartes de donation ont été reconnues comme des faux postérieurs rédigés pour justifier cette emprise ; la chronique du moine Clarius fait remonter la fondation du monastère à 818 par l’archevêque de Sens Jérémie. Dès le VIIe siècle la cité semble avoir une activité monétaire notable et l’église Notre‑Dame, voisine de l’abbatiale, servait d’église paroissiale aux habitants. Au milieu du XIe siècle, Ermengarde d’Apchon fit transférer à Mauriac les reliques de saint Mary, aujourd’hui conservées dans la chapelle du Puy‑Saint‑Mary, récit connu par des hagiographies médiévales et compilations postérieures. Des troubles sont signalés dans la chronique clarius au début du XIIe siècle, et l’église romane actuelle a été élevée au XIIe siècle sur l’emplacement d’une chapelle dédiée à sainte Théodechilde. Les protestants occupèrent brièvement Mauriac en 1574 et l’on attribue à cette période la mutilation des têtes des apôtres et de la Vierge sur le portail ; l’événement donna lieu par la suite à une procession commémorative. L’église fut élevée au rang de basilique mineure le 20 octobre 1921 par le pape Benoît XV.
La construction du monument témoigne de deux campagnes distinctes : la première a concerné le chœur et le transept, la seconde la nef, datations que certains spécialistes situent entre la fin du XIe siècle et la seconde moitié du XIIe siècle et que la tradition attribue pour la nef au doyen Matfred de Scorailles. L’édifice présente un plan en croix latine, trois nefs de cinq travées séparées par des piliers carrés, un transept saillant et un chœur flanqué d’une abside hémicirculaire et de deux absidioles prolongeant les bas‑côtés et reliées au transept. La croisée du transept est couverte d’une coupole sur trompes portée par quatre arcs reposant sur des colonnes engagées, et deux tours carrées flanquent la façade occidentale tandis qu’une tour octogonale surmonte la coupole. La nef centrale est voûtée en berceau brisé, les bas‑côtés en voûtes d’arêtes, et l’ensemble a été conçu pour limiter les poussées sur les murs du fait de la présence de fenêtres hautes. Les chapiteaux du chœur, des absidioles, de la première arcade de la nef et des collatéraux sont richement sculptés ; certains sont historiés, d’autres figurent des feuillages ou des animaux fantastiques, et à l’extérieur tous les modillons sont traités différemment, parfois par des corbeaux aux scènes animées, humaines ou grotesques.
Le portail occidental, profond et souligné par plusieurs voussures en tiers‑point, met en valeur un tympan représentant l’Ascension : au registre inférieur le mont des Oliviers, la Vierge et les apôtres, et au registre supérieur le Christ pantocrator debout dans une mandorle, bénissant et tenant les Évangiles, encadré par deux anges ; ce tympan, dont on note des analogies avec l’école languedocienne et notamment avec celui de Cahors, est entouré d’une archivolte ornée des signes du zodiaque. La porte méridionale, ogivale, conserve une ornementation d’inspiration romane, et des lions soutiennent les colonnes séparant les arcades de la façade, dont seul le lion gauche est ancien. La tour octogonale connut plusieurs phases : construite puis restaurée et reconstruite à différentes époques, elle fut démolie en 1793 et relevée à partir de 1845 par l’architecte diocésain Aymon Mallay, qui rétablit le plan initial et supprima des chapelles ajoutées aux XVe‑XVIe siècles, adoptant pour sa reconstruction un vocabulaire néo‑roman inspiré du roman de Basse‑Auvergne. Cinq vitraux exécutés en 1855 par Émile Thibaud ornent l’édifice, l’un d’eux représentant l’offrande d’une couronne à la Vierge par un évêque dont le blason renvoie à Monseigneur Jean‑Paul‑Marie Lyonnet.
Les dimensions principales inscrivent l’édifice dans des proportions généreuses : la longueur totale est de 35,80 m, la largeur des trois nefs de 13,57 m, la nef centrale mesure en moyenne 5,80 m entre piles, un bas‑côté 2,55 m, la hauteur de la nef 14,55 m et la coupole de la croisée atteint environ 17 m. Parmi le mobilier, la cuve baptismale du XIIe siècle, de 1,18 m de diamètre et 0,58 m de hauteur, constitue un exemplaire rare en Haute‑Auvergne. Lieu de culte actif, la basilique accueille la messe dominicale à 10 h 30 et, en semaine, la plupart des offices à 18 h dans l’arrière‑chœur ; en intégrant fêtes et célébrations exceptionnelles, plus de 500 offices ont lieu chaque année sous ses voûtes.