Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame des Tables
La basilique Notre-Dame des Tables, de style baroque, se situe au cœur de Montpellier, rue du Collège. Elle est intimement liée à l'histoire de la ville et porte le titre d'église mère de Montpellier, la cité étant placée sous son patronage conjoint avec saint Firmin. Les jésuites s'installent à Montpellier à partir de 1630 et agrandissent leur fonds en 1680; le projet d'ensemble anonyme date de 1681. Le logis des recteurs est construit par Antoine Giral et Jacques Cubisolle, et, en 1689, les classes sont édifiées par Antoine Armand et Jean Destan. L'édifice actuel, anciennement chapelle du collège des Jésuites (actuel musée Fabre), est construit entre 1707 et 1748 par Jean Giral en collaboration avec le père jésuite Monestier. Cette chapelle devient l'église paroissiale Notre-Dame des Tables en 1802 et reçoit le titre de basilique mineure par le pape Pie XII le 11 octobre 1939.
L'ancienne église primitive se dressait sur l'actuelle place Jean-Jaurès; elle fut successivement appelée Sainte-Marie, puis Sainte-Marie des Tables dès 1204, et enfin Notre-Dame des Tables. Il ne subsiste de cet ancien édifice que des vestiges de la crypte et des caveaux funéraires; la crypte a été transformée en musée, le musée du Vieux Montpellier. Au Moyen Âge, la proximité des tables des changeurs et des étals des marchands, sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, a donné son nom au sanctuaire. Embellie aux XIVe et XVe siècles, l'église a subi de graves destructions pendant les guerres de religion: affectée au culte réformé comme « Temple de la Loge » en 1561, elle est partiellement détruite en 1568 et 1581, à l'exception de la tour de l'horloge érigée en 1432. L'évêque Guittard de Ratte reprend possession en décembre 1600; la reconstruction commence entre 1605 et 1608, mais l'édifice est à nouveau détruit en 1621, reconstruit entre 1650 et 1655, puis définitivement démantelé à partir de 1794.
Le prestigieux titre du sanctuaire marial disparu est transféré en 1802 à la chapelle des jésuites, dont les bâtiments ont ensuite servi de lycée puis accueilli l'extension du musée Fabre. Les réaménagements et agrandissements récents ont permis de mettre en valeur une riche collection, dont le retable et le maître-autel en marbre d'Auguste Baussan (1853), l'orgue de chœur construit par Théodore Puget en 1893 — à deux claviers, pédalier et neuf jeux — et le tableau L'Assomption de Jean-Charles Nicaise Perrin (1804), classé monument historique depuis 1911, encadré par les statues de saint Roch et de saint Firmin. L'église est inscrite au titre des monuments historiques en 1938. Depuis 2002, la basilique fait partie de la "Paroisse Cathédrale Montpellier" qui regroupe les églises du centre-ville; le curé de la paroisse est l'abbé Michel Plagniol depuis 2009 et le recteur de la basilique le chanoine Jacques Bétoulières depuis 2016. À l'occasion du Jubilé de l'Espérance en 2025, le sanctuaire a été désigné par l'évêque Norbert Turini comme l'une des dix églises jubilaires du diocèse.
Le grand orgue a été construit vers 1751-1752 par le facteur Dom Bédos de Celles pour l'abbaye de Saint-Thibéry, où il résida de 1751 à 1759. Après la destruction de l'ancienne église à la Révolution, Cambacérès ordonne le transfert de cet instrument à la nouvelle paroisse, et l'orgue est installé à Notre-Dame des Tables en 1805. D'après Norbert Dufourcq, l'orgue originel comportait deux claviers (grand-orgue et positif) sans positif dorsal, et le buffet rocaille conçu par Dom Bédos présentait une tourelle centrale trilobée de treize tuyaux, encadrée de faces concaves et de tourelles géminées. Bien que non prouvé par écrit, il est probable que certaines sculptures du buffet soient de Dominique Ferrère, actif alors dans la région. En 1805, l'orgue est transféré par un facteur inconnu, peut-être Jean-François L'Épine; une restauration en 1846 par Prosper-Antoine Moitessier a laissé les tuyaux de façade actuels. La manufacture Théodore Puget & Fils de Toulouse reconstruit l'instrument en 1884 dans l'ancien buffet, en réutilisant une grande partie de la tuyauterie de Dom Bédos (dix-neuf jeux, environ 650 tuyaux) mais en la remaniant profondément; à cette occasion le buffet perd sa polychromie verte et argentée. La restauration de 1995 par Gérard Bancells a été effectuée dans l'esprit de l'orgue Puget, en reclassant la tuyauterie dispersée de Dom Bédos et en ajoutant quatre jeux neufs. L'orgue compte aujourd'hui trois claviers de 56 notes, un pédalier de 30 notes et 37 jeux; les dix-neuf jeux de Dom Bédos, une centaine de tuyaux de Moitessier et le buffet en noyer sculpté du XVIIIe siècle sont classés monuments historiques en 1975.
La basilique possède trois cloches, toutes fondues par la fonderie Granier d'Hérépian: la plus ancienne, Notre-Dame des Tables (1933), pèse 420 kg et sonne La#3; le bourdon Victoire-Etiennette-Adrienne (1946) pèse 1,7 tonne et donne le Ré3; la cloche Emmanuelle-Julie-Isabelle (1985), offerte par le maire Georges Frêche, pèse une tonne et sonne Fa3.