Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame-des-Victoires
La basilique Notre-Dame-des-Victoires de Paris, située place des Petits-Pères dans le 2e arrondissement, est un lieu de culte catholique dont la construction a commencé en 1629 et s'est achevée en 1740 ; elle constitue le dernier vestige du couvent des Augustins déchaussés, dit couvent des Petits Pères, et est classée au titre des monuments historiques depuis le 12 mai 1972. Elle est dédiée à la Vierge Marie sous le titre de Notre‑Dame‑des‑Victoires et, dans la dévotion populaire, aussi appelée Notre‑Dame‑des‑Victoires, refuge des malades et des pécheurs ; elle fait partie des cinq basiliques mineures de Paris. En 1614 Louis XIII fit le vœu de bâtir une église dédiée à la Vierge si une victoire militaire était remportée, vœu considéré comme accompli après le siège de La Rochelle en 1628 ; cette origine est cependant l'objet d'une tradition contestée par certains historiens. Le plan fut établi par Pierre Le Muet pour les Augustins déchaussés, mais les travaux commencés en 1629 furent d'abord interrompus par manque de fonds ; la construction reprit vers 1656 sous la direction de Libéral Bruant, puis de Gabriel Le Duc, et l'église fut bénie en 1666 malgré son inachèvement. Le portail, réalisé par Jean‑Sylvain Cartaud, acheva l'édifice entre 1737 et 1740, et la basilique fut consacrée le 13 novembre 1740 par Hyacinthe Leblanc et l'archevêque de Paris. À la Révolution, privée de ses religieux, l'église servit de siège à la Loterie nationale puis à la Bourse des valeurs sous le Directoire avant d'être rendue au culte en 1802. En décembre 1836 l'abbé Charles‑Éléonore Dufriche‑Desgenettes consacra la paroisse au Cœur Immaculé de Marie et fonda l'archiconfrérie qui y demeure active ; les bâtiments conventuels furent détruits lors du percement de la rue de la Banque et de la rue Paul‑Lelong. La statue de la Vierge de la basilique fut, à la demande du pape Pie IX, la première statue couronnée en France en action de grâces pour la délivrance de Rome par les Français. La basilique est également célèbre pour ses ex‑voto, au nombre de plus de trente‑sept mille, qui témoignent de son rôle de sanctuaire marial. Dans le chœur sont exposées sept toiles monumentales de Carle van Loo, la toile centrale représentant le Vœu de Louis XIII et les autres illustrant des épisodes de la vie de saint Augustin ; on y trouve aussi une Conversion de saint Augustin par Bernard Gaillot. La façade sud de Cartaud présente un portail à deux ordres superposés, ionique et corinthien, surmonté d'un fronton avec un écusson aux armes de la France et d'une gloire en bas‑relief au‑dessus de la porte, et le clocher abrite quatre cloches dont deux fondues en 1819 et deux plus récentes fondues en 1997. L'intérieur, marqué par la succession d'architectes, réunit des vitraux d'Antoine Lusson, un orgue d'origine XVIIIe siècle, la chaire de Louis‑Alexandre Régnier, divers bénitiers et bas‑reliefs ainsi que une Pietà de Charles Gonthier. La chapelle Sainte‑Anne, autrefois dédiée à saint Nicolas de Tolentino, fut restaurée puis reconstruite en 1879 ; elle conserve un bas‑relief intitulé L'Éducation de la Vierge et est couverte d'ex‑voto des années 1870. La statue de Notre‑Dame‑des‑Victoires installée en 1809, en plâtre durci et probablement d'un sculpteur italien, remplaça une statue disparue en 1796 ; le corps de sainte Aurélie fut déposé au pied de l'autel en 1843. L'orgue de tribune possède un buffet sculpté par Louis‑Alexandre Régnier, daté de 1739 et protégé comme objet ; l'instrument actuel, remonté par Alfred Kern en 1973, compte 49 jeux. L'orgue de chœur, construit par Victor Gonzalez en 1937, comporte 19 jeux avec transmissions électriques. Le vitrail prit une place importante au XIXe siècle grâce aux initiatives des curés successifs : Claudius Lavergne dessina des cartons en 1854 pour des verrières exécutées par Antoine Lusson, puis des campagnes de vitraux menées par des ateliers tels que ceux de Desgranges et Mauméjean illustrèrent la Vie de la Vierge, des saints et le pèlerinage de sainte Thérèse de Lisieux. Plusieurs personnalités sont liées à l'église, parmi lesquelles les compositeurs François Roberday et Jean‑Baptiste Lully, dont la sépulture fut profanée pendant la Commune et dont subsiste un cénotaphe, Paolo Lorenzani, saint Louis Martin et sa fille Thérèse, ainsi que Joris‑Karl Huysmans et Emmanuel d'Alzon, dont une représentation figure sur l'autel. Une chapelle dédiée aux saints Louis et Zélie Martin a été consacrée récemment et la basilique accueille chaque année les reliques de sainte Thérèse pour une neuvaine. Depuis 2018 le père Antoine d'Augustin est curé‑recteur ; la vie spirituelle du sanctuaire est animée par plusieurs prêtres confesseurs et par les bénédictines du Sacré‑Cœur de Montmartre installées au prieuré attenant. L'édifice est accessible par la ligne 3 du métro, station Bourse.