Origine et histoire de la Basilique Notre Dame
La basilique Notre-Dame du Folgoët, située dans la commune du Folgoët (Finistère), est un sanctuaire marial classé parmi les monuments historiques dès 1840 et reconnu par l’Église comme sanctuaire diocésain et basilique. Le nom du lieu, « Folgoët » (le « fou du bois »), renvoie à Salaün, un simple d’esprit qui vivait près d’une fontaine au XIIIe siècle et vouait une dévotion constante à la Vierge. Selon Albert Le Grand, la fondation du sanctuaire remonterait à 1365, et les premiers travaux se seraient poursuivis jusque vers 1380 avant d’être interrompus par la guerre. L’édifice aurait été consacré en 1423 par Jean V, qui l’éleva en collégiale et y fit plusieurs séjours; en 1426, un mandement ducal compléta le personnel clérical. En 1427, le pape Martin V accorda à Notre-Dame du Folgoët le titre de basilique mineure ; cette attribution a été présentée comme faisant d’elle la plus ancienne en Bretagne, remarque toutefois assortie d’une prudence sur l’existence de documents probants. Le succès du pèlerinage et les dons ducaux entraînèrent un changement de parti qui transforma profondément la partie orientale de l’édifice : vers 1430–1440 s’imposèrent la chapelle en demi-croix au sud, le grand porche qui lui est lié, ainsi que la sacristie et la « chambre du trésor » aménagée au-dessus. Au milieu du XVe siècle furent élevés le jubé — portant au revers les armes de l’évêque Guillaume Le Ferron (1440–1472) — la clôture de chœur et quatre autels en kersantite; un calvaire, financé par le cardinal Alain de Coëtivy (1407–1474), fut placé devant l’entrée sud et le commanditaire s’y fit représenter en donateur. Grâce aux dons d’Anne de Bretagne, venue en pèlerinage à plusieurs reprises entre 1499 et 1505, la flèche de la tour nord fut réalisée vers 1505, d’après le modèle de Quimper, tandis qu’au sud se construisirent un important manoir canonial, le Doyenné, et une hôtellerie pour les pèlerins. La tour sud, laissée inachevée, reçut au XVIIe siècle un étage orné de fortes colonnes ioniques et percé de baies en plein cintre. Un incendie majeur en 1708 ravagea la nef et détruisit ce que l’on nommait alors les « voûtes », expression qui semble désigner ici le lambris de couvrement; avant le sinistre, la toiture comportait trois sections distinctes, disposition encore visible à Locronan. La couverture fut refaite en 1716 avec un toit à deux versants et des lambris simples en berceau pour la nef et en demi-berceau pour les bas-côtés, configuration relevée par le marquis de Coëtlogon en 1852. Vendu comme bien national à la Révolution et menacé de démolition en 1808, l’édifice fut racheté par des habitants qui le remirent gracieusement à la paroisse; les mesures révolutionnaires avaient déjà entraîné la destruction des niches armoriées extérieures et la perte de vitraux porteurs de blasons, tandis que la statuaire dispersée fut partiellement reconstituée au XIXe siècle dans un ordre incertain. Un orage au début du XIXe siècle aurait provoqué l’effondrement du porche ouest, dont les débris sont conservés au Doyenné. À partir de 1895 une restauration importante concernait les couronnements, la partie supérieure du porche sud et le réseau de la grande baie du pignon de la chapelle sud; des voûtes furent restituées dans la nef et les collatéraux à partir de tas-de-charge issus d’un projet de voûtement du XVe siècle. L’édifice présente une architecture asymétrique : le transept ne possède qu’un seul bras et la nef compte cinq travées, la première étant flanquée de piles plus fortes et s’insérant entre les deux tours de la façade. La tour nord est couronnée d’une flèche de pierre, la tour sud conserve un sommet inachevé surmonté de l’étage ionique du XVIIe siècle. Le portail principal offre des bas-reliefs représentant l’Adoration des mages et l’Annonce aux bergers ; le portail sud réunit deux portes jumelles en accolade sous un grand arc, avec un trumeau sculpté d’un évêque surmonté d’une Vierge en position de tympan. À l’intérieur, le jubé gothique en kersanton, haut de cinq mètres et large de 6,50 mètres, est composé de trois arcades en plein cintre et constitue le seul jubé en pierre conservé en Bretagne. Les verrières anciennes datent du XVIIe siècle et sont attribuées à Allain Cap; les vitraux actuels proviennent principalement de cartons d’Émile Hirsch, exécutés par Loglet, Queynoux et Poutet en 1866 et 1869, et comprennent notamment, offert en 1869 par le recteur La Haye, le vitrail légendaire du bienheureux Salaün ar Foll. La basilique possède une sonnerie de quatre cloches à volée électrique : une cloche de 1,574 m de diamètre et 2 344 kg, fondue en 1899 par Farnier (Robécourt) et logée dans la tour sud, et trois autres cloches dans la tour nord — Jeanne‑Placide (fondue en 1775), une cloche fondue en 1888 par Farnier (Robécourt) et une cloche attribuée à 1560 [à confirmer].