Origine et histoire de la Basilique Saint-Amable
L'église Saint‑Amable de Riom conserve des fresques du XVe siècle représentant des scènes de l'enfance du Christ. Un édifice paroissial existait sur ce site au moins depuis le Ve siècle, alors dédié à saint Bénigne ; à partir de la fin du XIe siècle l'église est reconstruite et change de vocable. Le chœur, d'origine gothique, date du deuxième quart du XIIIe siècle mais a été largement remanié lors de la restauration dirigée par Aymon Mallay entre 1851 et 1865, opérations qui ont également concerné le transept et le clocher. Les chapelles latérales nord datent des XVe et XVIe siècles, celles du côté sud du XVIIIe siècle, comme l'indique une inscription de 1747, et la façade conçue par l'ingénieur François‑Charles Dijon est datée de 1750, la réception des travaux remontant à 1764. La basilique Saint‑Amable, élevée au titre de basilique mineure en 1912, est l'un des plus vastes édifices cléricaux d'Auvergne après la cathédrale de Clermont‑Ferrand. Elle a été édifiée en grande partie aux XIIe et XIIIe siècles et a longtemps été un lieu de pèlerinage. Avant l'église actuelle, une chapelle dédiée à saint Gervais et saint Protais existait déjà au Ve siècle et aurait été transformée par saint Amable pour établir l'église Saint‑Bénigne sur le même emplacement. Selon la tradition, Amable de Riom fit construire l'église au Ve siècle ; après sa mort elle fut rebaptisée Saint‑Amable lors du transfert de ses reliques par l'évêque Gal II. En 1077 l'évêque Durand confia l'église à Pierre de Chavanon pour la réformer et l'élever en abbatiale. La construction de l'édifice actuel débute au troisième quart du XIIe siècle par la nef, poursuivie au début du XIIIe siècle avec le chœur. La longueur de l'église atteint 64,50 mètres pour une largeur de 27 mètres, ce qui la place immédiatement après la cathédrale de Clermont‑Ferrand en superficie. Elle a été gravement endommagée par les séismes de 1477 et 1490. La nef, la partie la plus ancienne, mêle un roman tardif et des éléments gothiques : elle compte sept travées légèrement asymétriques, avec une hauteur de voûte de 16,15 mètres et une largeur de 7,10 mètres. Les voûtes des bas‑côtés sont soutenues par des arcs doubleaux ; les chapiteaux des nefs latérales reproduisent la même forme et décoration que ceux de la grande nef. Un décapage des piliers en 1975 a mis au jour, sur une voûte du bas‑côté nord, des fresques sur fond rouge relatant la vie du Christ et datées du début du XVe siècle. Le transept, restauré au XIXe siècle, reçoit des décors polychromes et des mosaïques ; lors de la reconstruction de 1859 sous la direction d'Aymon Mallay, des chapelles furent aménagées dans les bras nord et sud. Dans le bras nord figurent notamment Le Christ apaisant la tempête de Claude‑Marie Dubufe, acheté par l'État puis restauré en 1996, et une toile de Jean‑Jacques Lévêque montrant saint Amable recevant un reliquaire et guérissant un malade sur un fond de ville en flammes, le serpent au premier plan rappelant l'un de ses dons. Le chœur, de style gothique classique et de plan polygonal, a été construit entre 1230 et 1235 ; il comprend un vaisseau central de 12,40 mètres, un déambulatoire et trois chapelles rayonnantes, la clé de voûte représentant un Christ bénissant. Le déambulatoire est voûté par des croisées d'ogives et des doubleaux reposant sur des colonnes aux chapiteaux ornés de têtes et de feuillage de style XIIe‑XIIIe siècle ; les chapelles à cinq pans sont voûtées par six branches d'ogives à clé feuillagée et séparées par de faibles arcades en plein cintre. Les stalles et boiseries, réalisées en 1687 par André Boysen et Noël Mercier et formant initialement une barrière continue, furent partiellement critiquées par l'architecte Mallay lors de la restauration du XIXe siècle ; côté sud se voit un relief de saint Amable portant son reliquaire et une crosse abbatiale. Les chapelles latérales nord, élevées au XVe siècle et surélevées de deux marches, conservent la plupart de leurs meneaux d'origine malgré la destruction des vitraux à la Révolution ; leurs voûtes reposent sur des nervures piriformes convergeant vers des clés à écussons et retombant sur des culs‑de‑lampe ornés de petits personnages. Les chapelles sud, construites entre 1747 et 1750 lors de la destruction du cloître de l'ancienne abbaye augustinienne, sont comparables en dimensions mais présentent des fenêtres cintrées et des voûtes conformes au goût du XVIIIe siècle. La façade occidentale, de style Louis‑XV, présente une grande porte centrale encadrée de deux portes latérales et un oculus décoré de guirlandes ; l'étage supérieur, soutenu par des consoles renversées, s'ouvre sur une vaste baie flanquée de pilastres et surmontée d'un fronton triangulaire orné d'acrotères. La sacristie actuelle, créée en 1860 et adossée au bras nord du transept et au chœur, abrite les boiseries de 1687 qui proviennent des dorsaux des stalles. Le clocher, reconstruit au milieu du XIXe siècle par Aymon Mallay, est coiffé d'une flèche en bois recouverte d'ardoise ; il succède à un clocher en pierre de taille, plus élevé avant la Révolution. Les deux étages du clocher sont séparés par un bandeau mouluré ; le premier présente un vocabulaire roman, le second un vocabulaire gothique. Il abrite des cloches notables : Amable (4 080 kg, diamètre 1,84 m, refondue par Pierre Baudoin en 1865), Jacques (2 737 kg, diamètre 1,63 m, refondue par J. B. Decharme en 1816, la cloche précédente ayant été enterrée à la Révolution), Bénigne (2 056 kg, diamètre 1,51 m, fondue en 1783 par J. B. Barrard et dont les inscriptions furent limées à la Révolution) et Marie (500 kg, diamètre 1 m, fondue en 1882 par Vauthier). Le maître‑autel, réalisé en 1765–1766 par Jacques‑Baptiste Arbieu, repose sur trois marches de marbre ; il comporte une cuve en marbre, deux anges en marbre de Carrare sculptés par Dominique Fossati en 1771 et un tabernacle doré surmonté d'un baldaquin et d'une coupole. La châsse originelle, achevée en 1477 par Jean Adam et fondue à la Révolution, a été remplacée par une châsse de 1814 réalisée par l'orfèvre Laroze en noyer plaqué d'argent et de vermeil ; elle forme une église à dôme surmontée d'une effigie de saint Amable et se trouve dans la chapelle axiale. Les vitraux couvrent plusieurs campagnes : Étienne Thévenot réalisa en 1844 les verrières hautes du chœur et en 1854 trois verrières consacrées aux miracles de saint Amable ; Lucien Chatain exécuta en 1885 des baies sur la vie de saint Joseph d'après Émile‑Joseph Delalande ; Laurent Lachaize signa en 1870 trois verrières pour les baies 16, 18 et 20 ; Félix Gaudin réalisa en 1889 des vitraux d'après Eugène Grasset ; Adrien Baratte et les frères Mauméjean exécutèrent d'autres baies, et Michel Durand réalisa plusieurs verrières figuratives en 1975 ; le buffet d'orgue, réalisé par Joseph Callinet en 1834 en chêne avec quatre tours rondes, abrite un instrument dont la partie sonore fut entièrement reconstruite en 1896 par Charles Anneessens à la demande de l'organiste Félix Artance, aboutissant à un orgue romantique de 36 jeux répartis sur deux claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes.