Origine et histoire de la Basilique Saint-Andoche
La basilique Saint-Andoche de Saulieu, en Côte-d'Or (Bourgogne-Franche-Comté), est un édifice roman construit à partir de la fin du XIe siècle sur un plan clunisien. Elle repose sur l'emplacement d'édifices religieux antérieurs qui conservaient les reliques de trois martyrs locaux : Andoche, Thyrse et Félix. Selon la tradition, Andoche, compagnon de saint Bénigne et disciple de saint Polycarpe, fut martyrisé avec ses compagnons, et leurs restes furent rapidement l'objet d'un culte et d'un pèlerinage. Une première église est attestée sur le site dès 306, et la vocation de sanctuaire y perdure au haut Moyen Âge. L'édifice a connu destructions et reconstructions successives : pillages aux IXe et Xe siècles, incendie lors d'une attaque au milieu du VIIIe siècle, puis reconstruction financée par Charlemagne qui fit de l'église une église royale. Au début du XIIe siècle, sous l'abbatiat d'Étienne de Baugé, la basilique fut largement reconstruite dans un style clunisien simplifié, et la translation des reliques jusqu'au grand autel fut effectuée en 1119 sous l'impulsion du futur pape Calixte II. Vers 1139, l'église prit le statut de collégiale avec l'installation d'un chapitre par l'évêque d'Autun.
La basilique, longue de 65 à 70 mètres et large d'environ 25 mètres, présente un plan en croix latine à trois nefs, transept, déambulatoire ponctué d'absides et de chapelles rayonnantes, ainsi que deux tours carrées au narthex. Sa façade, sobre et dépourvue d'ornementation abondante, s'ouvre par un portail au tympan sculpté et se signale par des modillons discrets ; l'usage du calcaire hettangien lui donne une teinte grise sévère. La nef, un des rares témoignages romans bien conservés, comporte six travées réparties en trois niveaux — grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes — et est voûtée en berceau brisé, tandis que les bas-côtés sont voûtés d'arêtes. Les piliers cruciformes, flanqués de colonnes engagées, portent les arcades et ouvrent sur de petites chapelles orientées dédiées à la Vierge et à saint Joseph.
La guerre de Cent Ans causa d'importants dégâts : lors d'un incendie lié à un siège, la partie orientale de l'édifice fut détruite et seules les trois nefs restèrent debout. Entre le XVe et le XVIIe siècle, des chanoines augustins modifièrent l'intérieur en fermant les nefs par des murs, puis une petite abside fut reconstruite au cours du XVIIIe siècle ; la Révolution entraîna la saisie d'objets comme une cloche de 1621. Des travaux post-révolutionnaires surélevèrent le sol de l'église et modifièrent la toiture des collatéraux, obturant plusieurs baies hautes.
Les chapiteaux romans du XIIe siècle, restaurés au XIXe siècle, témoignent d'une grande maîtrise sculpturale ; ils mêlent scènes historiées bibliques, motifs animaliers et ornements végétaux. Les scènes historiées reprennent des épisodes de l'Ancien et du Nouveau Testament — Balaam et l'ânesse, la Tentation du Christ, la Fuite en Égypte, la Pendaison de Judas et la Résurrection avec la scène du Noli me tangere — répartis dans les travées nord et sud. Les chapiteaux bestiaires présentent chouettes, combats d'animaux, lions, aigles, sangliers et figures fantasmagoriques comme vouivres et centaures, souvent articulés autour de rinceaux et de bossements. Les chapiteaux floraux reprennent des modèles locaux et orientaux, avec crosses de fougère, chardons, lotus, aulne, arum et acanthe, et rythment l'espace intérieur.
Le portail primitif fut détruit pendant la Révolution et reconstitué au XIXe siècle par le sculpteur Creusot ; son tympan représente un Christ en majesté dans une mandorle portée par quatre anges, entouré des symboles des évangélistes. Le chœur actuel, reconstruit en 1704 après des destructions successives, présente deux travées droites, un chevet à trois pans et une voûte en berceau plein cintre, et s'orne de stalles en chêne datant de la fin du XIVe siècle, au nombre de cinquante-six initialement, dont 24 en bas et 32 en haut subsistent aujourd'hui. Plusieurs chapelles latérales, ajoutées du XVe au XVIe siècle, comprennent la chapelle de la Vierge polychrome restaurée au XIXe siècle, la chapelle Saint-Joseph et des chapelles riches en vitraux et boiseries, telles que la chapelle de Saint-Georges, la chapelle Sainte-Anne, celle fondée par le cardinal Rolin et la chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié.
L'évangéliaire dit « de Charlemagne » est présenté sous forme d'une copie dans la chapelle des fonts baptismaux ; l'original est conservé au musée François-Pompon, et les plaquettes d'ivoire qui ornent sa reliure sont plus anciennes que le texte manuscrit qui se trouve à l'intérieur. Le sarcophage mérovingien attribué à saint Andoche, reconstitué au XIXe siècle et abrité sous un autel sculpté en 1950, présente une frise de pampres et de motifs chrétiens et conserve des fragments d'origine plus sombres que le marbre renouvelé. Les reliques des saints, dispersées et replacées à plusieurs reprises, sont aujourd'hui conservées dans des reliquaires au fond du chœur ; elles comprennent quelques dents et fragments d'os ainsi que des éléments présentés dans des châsses architecturées. La basilique Saint-Andoche est classée au titre des monuments historiques depuis la liste de 1840 et son neuvième centenaire a été célébré en 2019.