Origine et histoire de la Basilique Saint-Aphrodise
L'ancienne abbaye Saint-Aphrodise, également appelée basilique Saint-Aphrodise, se situe sur la place Saint-Aphrodise au cœur de Béziers, dans l'Hérault. Le site occupe, dès le Bas-Empire (IVe siècle), une nécropole gallo-romaine placée hors de l'enceinte de la ville, transformée au VIe siècle en nécropole chrétienne englobant le sanctuaire. Un monument funéraire dédié à saint Pierre aurait été élevé au centre de cette nécropole christianisée. La double titulature apparaît lors de l'inhumation de saint Aphrodise, cité pour la première fois en 858 comme premier évêque fondateur de l'Église de Béziers. L'abbaye est mentionnée dans le cartulaire de Saint-Nazaire en 967 ; en 1171, on relève la présence de douze chanoines remplaçant la communauté bénédictine.
La crypte, située sous l'arc triomphal à l'emplacement présumé de l'abside de l'église romane, est considérée comme la partie la plus ancienne de l'édifice actuel, avec des datations variant de la fin du IXe–Xe siècle jusqu'au XVIe siècle. De plan semi-circulaire, elle présente un déambulatoire autour d'une confession ; les portes actuelles donnant sur la confession sont récentes, alors qu'une unique porte encadrée de deux fenestrellae existait à l'origine. De l'abbaye romane subsistent des éléments de l'abbatiale, le mur sud du réfectoire et les murs est et ouest du cloître. L'abbatiale devait être allongée, à trois nefs et abside unique ; les bas-côtés et la nef s'interrompaient au niveau d'un transept caractérisé par des arcs diaphragmes et une croisée surmontée d'un clocher-lanterne éclairé par des baies géminées sur ses quatre faces. La porte romane de la façade occidentale, destinée aux moines ou chanoines, présente un tympan non décoré d'inspiration paléochrétienne.
Accolé au mur nord de l'abbatiale, le cloître disposait d'une galerie unique dont la charpente reposait sur une série d'arcades et de colonnettes simples ou jumelées aux chapiteaux sculptés ; ce cloître a été démoli au début du XIXe siècle, les galeries étant détruites en 1836. Le réfectoire roman a été remplacé par une vaste salle à couverture charpentée soutenue par trois arcs diaphragmes en tiers-point, intégrant le mur roman au sud. Aux XIVe et XVe siècles, d'importantes transformations modifièrent profondément l'ensemble : l'abside romane disparut, remplacée par un vaste chevet gothique flanqué de chapelles, une imposante tour-clocher fut élevée au nord contre le chevet et une rosace fut percée dans la façade occidentale. Aux XVIIe–XVIIIe siècles, des travaux surélévèrent les bas-côtés de la canoniale et les couvrirent de voûtes d'arêtes, on obtura les arcades du cloître en remplaçant les galeries charpentées par des voûtes en bois et plâtre, et la grande salle issue du réfectoire devint cellier.
La basilique a sans doute subi les mêmes vicissitudes que la ville lors du siège de Béziers en 1209 et a connu d'importants remaniements à l'époque gothique. Pour des raisons de sécurité, l'édifice resta fermé plus de quinze ans en raison de graves problèmes de structure ; des travaux de stabilisation ont été entrepris en 2013 et 2014. L'église et le cloître sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 29 décembre 1983. Parmi les éléments distingués figurent l'orgue, un baptistère du XVIIIe siècle, le maître-autel et la mémoire de saint Aphrodise ; une association, Les Amis de Saint-Aphrodise, œuvre à la sauvegarde et à la restauration et des visites guidées sont proposées depuis 2015, la basilique étant également ouverte lors des Journées du Patrimoine.
