Origine et histoire de la Basilique Saint-Ferjeux
La basilique Saint-Ferréol et Saint-Ferjeux, située dans le quartier Saint-Ferjeux à Besançon (Doubs), est un édifice de style romano-byzantin dédié aux saints patrons de la ville. La grotte qui servit de retraite à Ferréol et Ferjeux fut utilisée pour les ensevelir après leur martyre et englobée dans une église dès le IVe siècle ; selon la tradition locale, c’est sur ce lieu que s’élève la basilique. Au XIe siècle, leurs reliques furent transférées à Saint-Jean, puis l’église de Saint-Ferjeux devint une dépendance de l’abbaye bénédictine Saint-Vincent. L’édifice fut ruiné en 1636 et reconstruit en 1670 ; une première église sur le site est également signalée comme ayant été bâtie vers 1657 et transformée en hôpital pendant la Révolution. En octobre 1870, invoqués pour protéger la ville, les deux saints furent l’objet d’un vœu solennel du cardinal Césaire Mathieu, qui exigea l’érection d’un nouvel édifice sur la grotte ; un premier projet gratuit fut déposé en novembre 1870 par l’architecte Alfred Ducat. Après un projet initial jugé trop coûteux, c’est finalement le projet d’Alfred Ducat qui fut retenu ; le renouveau du sanctuaire se concrétisa par la construction d’un nouvel édifice menée entre 1884 et 1901 sur des plans de Ducat. La ville obtint la propriété et la charge de l’édifice en 1905, l’église fut élevée officiellement en basilique en 1912 et elle fut consacrée le 21 juin 1925. L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 27 octobre 2006.
L’architecture présente une façade encadrée par deux imposantes tours et une coupole à lanterne sur la croisée du transept qui domine la composition. Sous le chœur, le transept et une partie de la nef se trouve une crypte accessible par deux grands escaliers latéraux, et cinq chapelles rayonnent autour de l’abside. Des peintures murales réalisées par des artistes comtois déroulent leur programme décoratif au-dessus des grandes arcades de la nef, sur lequel Pierre Pfister a travaillé à partir de recherches archéologiques dans les catacombes romaines. La coupole est ornée de mosaïques d’Ulysse Camille Drupt, un ensemble complet de vitraux est dû à l’atelier Gaudin et des sculptures de Just Becquet achèvent le décor.
Le tambour de la coupole repose sur quatre pendentifs ornés des évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean ; il figure le Christ faisant face à la Jérusalem céleste et est entouré des saints du diocèse, parmi lesquels figurent notamment saint Ferréol, saint Ferjeux, sainte Colette, sainte Jeanne-Antide Thouret, saint Colomban et d’autres saints locaux. Au pied du tambour se lit l’inscription latine « Passi pro Christo, reliquerunt exemplum ut sequamur vestigia eorum, qui credidimus per verbum eorum in Christum » (« Ayant souffert pour le Christ, ils ont laissé un exemple, afin que nous suivions leurs traces, nous qui avons cru au Christ grâce à leur parole »). Dans le chœur, une frise latine au‑dessus des arcades de l’abside proclame : « Corpora ipsorum in pace sepulta sunt ; dans testamento stetit semen horum ; ad usque in aeternum manebit » (« Leurs corps ont été ensevelis dans la paix ; leur semence est restée en témoignage : elle demeurera pour l'éternité »).
La basilique célèbre aussi la lignée spirituelle associée aux missions évangélisatrices : selon la tradition, vers la fin du IIe siècle l’évêque Irénée de Lyon, disciple de Polycarpe et héritier de l’apôtre Jean, envoya Ferréol et Ferjeux, originaires d’Athènes, évangéliser la Séquanie et fonder l’église de Vesontio. Ils se seraient installés dans la grotte proche de Besançon et, après avoir tenté de convertir la femme du gouverneur romain Claude, furent décapités le 10 juin 212 ; ils sont fêtés conjointement le 16 juin.
Sur la tribune, la balustrade porte l’inscription « Laudate Dominum in Sanctis ejus » et abrite un orgue au riche parcours historique. Le buffet provient d’un instrument de huit jeux construit par Jean-Baptiste Ghys pour l’abbé Jules Marquiset, qui l’apporta à Besançon lors de sa nomination ; jugé insuffisant pour l’ampleur de la basilique, l’orgue reçut un second clavier de dix jeux réalisé par Ghys, puis en 1930 un troisième clavier positif de dix jeux ajouté par le facteur Jules Bossier. Le jeune Jehan Alain participa au réglage de la nomenclature et inaugura l’instrument agrandi le 10 juin 1932. En 1949 la manufacture Edmond Alexandre Roethinger fit un relevage complet sans modifier la composition, une restauration intégrale fut menée par Jean-Marc Cicchero en 1988, le troisième clavier a été consolidé en 2015 et le moteur remplacé en 2019. L’Association des Amis des Orgues de Saint-Ferjeux a été créée en 1983 et la musicienne Marie‑Claire Alain a enregistré en 2000 l’intégrale des œuvres d’orgue de Jehan Alain sur cet instrument.