Origine et histoire de la Basilique Saint-Gervais
La basilique Saint-Gervais-et-Saint-Protais d'Avranches est une église néo-classique élevée au rang de basilique mineure par le pape Léon XIII, située 14 rue Ormon à Avranches (Manche, Normandie). La paroisse est mentionnée dès le VIIe siècle. Un premier édifice du XVIIe siècle présentait une tour de façade coiffée de deux dômes. Jugé vétuste, cet édifice fut reconstruit à l'identique à partir de 1843 par l'architecte Cheftel, grâce au don d'une paroissienne, mademoiselle de la Champagne ; les murs de la nef, du chœur et des transepts furent relevés et l'église agrandie vers l'est. À la fin du XIXe siècle, la tour de façade fut refaite par Cheftel fils ; les travaux s'achevèrent à la fin des années 1890 et les cloches furent bénies le 9 mai 1899 par Mgr Guérard. L'édifice a conservé un important trésor après l'effondrement de la cathédrale Saint-André en avril 1794, notamment le chef de saint Aubert. Pendant la Révolution, reliquaires et vases sacrés furent fondus et la statuaire dispersée, puis au XIXe siècle la paroisse reconstitua des richesses pour le culte. Au début du XXe siècle, l'archiprêtre Prospère Cornille rassembla dans une salle du clocher-porche une collection qui devint le « trésor de la basilique » et l'ouvrit au public ; il enrichit ces collections entre 1913 et 1933. Un inventaire du trésor fut mené au début des années 1980 par l'abbé Marcel Lelégard, qui procéda à des études de provenance et à des aménagements muséographiques ; les collections sont aujourd'hui gérées par le service de Conservation des antiquités et objets d'art de la Manche. L'édifice a fait l'objet d'une campagne de restauration importante en 2010 et a été rouvert au culte et au public en septembre 2011. L'église, dans son ensemble, est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 16 février 2006.
La basilique présente un plan en croix latine dont les bras du transept se terminent en hémicycle, et sa distribution intérieure conserve un caractère basilical malgré l'absence d'une coupole sur la croisée. La nef centrale, flanquée de deux collatéraux, est rythmée par une colonnade toscane supportant un entablement orné d'une frise à triglyphes et d'une corniche marquée. L'éclairage latéral provient de baies en lunettes dont les voûtes pénètrent celle de la nef, voûte plein-cintre ornée de caissons, et une balustrade sépare ces niveaux. Le chœur reste fidèle à la sobriété de la nef : son hémicycle est entouré d'un déambulatoire auquel se greffe une unique chapelle absidale. L'intérieur se caractérise par une certaine austérité et une monochromie seulement adoucie par un dallage en marbre noir et blanc et un mobilier d'inspiration néoclassique.
Le massif occidental, en granit et de style néo-renaissance, évoque l'influence de l'église de la Trinité à Paris par Théodore Ballu. Le clocher, haut de 74 mètres, s'achève par un étage octogonal coiffé d'un dôme à lanternon et présente la transition du massif carré au dôme octogonal. Il abrite un carillon historique, initialement constitué de trente-deux cloches dont cinq de volée, auquel des cloches ont été ajoutées au XXe siècle ; plusieurs fondeurs sont représentés, notamment la fonderie Bollée et Cornille-Havard. Des moteurs électriques ont été installés dans les années 1950 et des dispositifs de sonnerie électrique et de lecture automatique datent de 1952 ; l'ensemble fonctionne aujourd'hui avec une horloge électronique Mamias. Les cinq cloches de volée, nommées Aubert (Sol2, 6 454 kg), Marie (Do3, 2 500 kg), Agnès-Françoise (Ré3, 1 562 kg), Marie-Augustine (Mi3, 1 090 kg) et Ange-Josepha (Sol3, 700 kg), forment un motif appelé « Westminster ». Le carillon a été joué pendant des décennies par différents carillonneurs, parmi lesquels Michel Batel, très connu dans la région.
Le mobilier de l'église comprend de nombreuses pièces inscrites au titre des objets des monuments historiques, parmi lesquelles statues, mobilier liturgique, pyxides des XIIe, XIIIe–XVIIe siècles, un reliquaire de sainte Suzanne (fin XIIIe siècle) et des charbons de saint Laurent (XVe siècle). Dans la salle des trésors est exposé, depuis la fin du XIXe siècle, un reliquaire contenant le crâne attribué à saint Aubert ; cette relique, exhumée au début du XIe siècle et percée, a fait l'objet d'une étude scientifique concluant que la perforation résulterait d'un kyste épidermoïde.