Basilique Saint-Mathurin de Larchant en Seine-et-Marne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Basilique Eglise gothique

Basilique Saint-Mathurin de Larchant

  • 1-2 Place du Pilori
  • 77760 Larchant
Basilique Saint-Mathurin de Larchant
Basilique Saint-Mathurin de Larchant
Basilique Saint-Mathurin de Larchant
Basilique Saint-Mathurin de Larchant
Basilique Saint-Mathurin de Larchant
Crédit photo : Daniel VILLAFRUELA - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1200
1300
1400
1500
1600
1700
2000
2e moitié XIIe siècle
Construction initiale
XIVe siècle
Apogée du pèlerinage
XVIe siècle
Dégâts majeurs
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Eglise Saint-Mathurin : classement par liste de 1846

Personnages clés

Saint Mathurin Saint patron de l'église, connu pour ses miracles et son pèlerinage médiéval.
Élisabeth Le Riche Propriétaire de Larchant qui céda la seigneurie au chapitre de Notre-Dame de Paris.
Albert Bray Architecte responsable des restaurations au début du XXe siècle.
Prosper Mérimée Auteur ayant signalé l'édifice au XIXe siècle pour sa préservation.

Origine et histoire de la Basilique Saint-Mathurin

L'église Saint-Mathurin, communément appelée « basilique » malgré l'absence de titre pontifical, se trouve à Larchant, en Seine‑et‑Marne, et est classée au titre des monuments historiques en 1846. Elle est dédiée à saint Mathurin, que la tradition fait naître à Larchant à la fin du IIIe siècle ; un manuscrit du Xe siècle relate sa vie légendaire. Selon ce récit, Mathurin fut instruit par l'évêque Polycarpe, ordonné prêtre à vingt ans, puis appelé à Rome où il accomplit des miracles, guérit des malades et délivra la fille de l'empereur Maximien Hercule, dite Théodora. Resté trois ans à Rome, il y mourut le 1er novembre en demandant que son corps soit ramené dans son village natal ; les miracles sur son tombeau entraînèrent un important pèlerinage au Moyen Âge. Un exorcisme mené en 1601 dans l'église, en plusieurs langues, rapporta l'identification d'un esprit nommé Astaroth et la reconnaissance des reliques de saint Mathurin lors de l'interrogatoire du démon.

Vers 950, Élisabeth Le Riche reçut Larchant en héritage de son père Lisiard Le Riche ; au début du XIe siècle, elle céda la seigneurie au chapitre de la cathédrale Notre‑Dame de Paris avec l'accord de son fils Renaud de Vendôme, évêque de Paris. Le chapitre conserva la seigneurie et la responsabilité de l'église jusqu'à la Révolution française et joua un rôle central dans l'organisation et la gestion du pèlerinage. Celui‑ci se développa au cours du Moyen Âge : en 1324 les offrandes permirent d'aider les clercs de Notre‑Dame, et Larchant et saint Mathurin sont cités dans plusieurs chansons de geste. La ferveur aboutit à la construction de l'édifice actuel, dont l'apogée du pèlerinage se situe à partir du XIIe siècle, attirant notamment des pèlerins en quête de guérison pour les fous et les possédés. L'ancienne route du Midi passait à proximité et de nombreux pèlerins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle s'y arrêtaient. Plusieurs rois vinrent en pèlerinage, parmi lesquels Charles IV, Louis XI, Charles VIII, François Ier, Henri II, Henri III et Henri IV, aux dates mentionnées dans les sources. Le pèlerinage déclina après la Révolution ; des tentatives de relance eurent lieu au début du XXe siècle, la tradition fut reprise après la Première Guerre mondiale et une cérémonie se tient encore le lundi de Pentecôte.

L'édifice a subi de nombreuses dégradations au fil des siècles : dégâts liés aux troupes, ouragans et tempêtes, ainsi que destructions pendant les guerres de religion. En octobre 1567 le chevalier du Boulay pilla les reliques, puis en 1568 le comte de Pembroke incendia l'église et le village, laissant l'église partiellement en ruine. Le 25 septembre 1675, l'effondrement du pilier nord‑ouest de la grande tour entraîna la ruine d'une partie de la nef. Des restaurations sommaires furent menées au XIXe siècle pour rouvrir l'église au culte ; l'édifice fut signalé par Prosper Mérimée au milieu du même siècle. Une grande campagne de restauration fut conduite au début du XXe siècle sous la direction de l'architecte Albert Bray, puis une nouvelle campagne fut engagée au début des années 1980 à l'initiative de l'Association Culturelle de Larchant, avec l'appui de l'État, de la région, du département et de la commune.

Architecturalement, l'église Saint‑Mathurin est l'un des exemples remarquables du gothique d'Île‑de‑France ; ses travaux s'étendent de la fin du XIIe siècle au début du XVIe siècle. Les dimensions de l'édifice sont notables : longueur intérieure totale, y compris la nef ruinée, 57 mètres ; transept 29 mètres ; hauteur des voûtes 18 mètres ; hauteur de la tour 50 mètres. L'accès se fait par les portes latérales du transept ; le chœur, composé d'une seule travée, prolonge une abside semi‑circulaire. L'intérieur était initialement éclairé par deux rangs de hautes baies encadrées d'archivoltes reposant sur des colonnettes, et les façades du transept présentent chacune un triplet de grandes fenêtres. À l'extérieur, le chevet s'appuie sur de puissants contreforts permettant l'emploi du « mur mince », qui confère finesse et élégance à l'espace intérieur. À partir du XVe siècle, l'architecture fut complétée par une chapelle de la Vierge de plan polygonal et par la sacristie ; la présence de pinacles et de gargouilles marque une évolution stylistique par rapport à la sobriété du premier gothique. La nef s'ouvre sur un portail originel aujourd'hui très abîmé ; la grande tour‑clocher, commencée au début du XIIIe siècle et achevée au XVe siècle, présente au rez‑de‑chaussée un porche ouvert sur trois côtés formé d'imposants piliers. Les trois étages de la tour subsistent, avec des façades nord et est intactes, une façade ouest en ruine et une façade sud effondrée. Sous le porche s'ouvre le portail du Jugement dernier, qui présente des analogies stylistiques avec certains portails de Notre‑Dame de Paris.

Parmi les éléments encore visibles figurent les différents portails, le chevet, l'intérieur du clocher sinistré, le chœur, la croisée, la nef, la chapelle de la Vierge, des clés de voûte et un crucifix, ainsi que des statues anciennes dont une représentation mutilée de saint Mathurin datant du XIIIe siècle et une Vierge de Douleur.

Liens externes