Origine et histoire de la Basilique Saint-Michel
La basilique Saint-Michel, située à Bordeaux en Gironde, est un édifice gothique flamboyant aux trois nefs, élevé entre le XIVe et le XVIe siècle. Sa construction, commencée vers 1330, s'étend sur plusieurs siècles et marque le développement du quartier Saint-Michel, alors peuplé de marchands et d'artisans. L'église-halle est achevée au XVe siècle et la nef centrale est surélevée pour lui donner l'allure d'une basilique ; Louis XI contribue aux travaux lors d'une visite et le chantier est ensuite dirigé par Jean Lebas et ses fils, qui édifient le clocher entre 1472 et 1492, sur l'emplacement d'un ancien charnier. Le clocher, tour indépendante appelée campanile, a longtemps provoqué des inquiétudes en raison de la vulnérabilité de sa flèche aux intempéries et a subi des dommages lors d'un séisme et de coups de foudre successifs ; un ouragan emporte la flèche en 1768, réduisant alors sa hauteur. Plusieurs projets de restauration sont proposés aux XVIIIe et XIXe siècles ; celui de Mansart de Sagonne en 1769 n'aboutit pas faute de crédits, puis la paroisse adopte en 1811 un projet de Louis Combes. La flèche actuelle, conçue par Paul Abadie dans le style gothique de l'édifice, est reconstruite entre 1861 et 1869. Haute de 114,60 mètres, elle constitue le plus haut clocher du midi de la France et le quatrième du pays selon le classement mentionné. Le campanile est doté d'un socle octogonal percé d'arches et d'un tambour surmonté d'une flèche ajourée ; il abrite un carillon de 22 cloches remis en service en 1999 et a fait l'objet de travaux de restauration à partir de novembre 2020 pour une durée de cinq ans. Classée monument historique dès 1846, l'église reçoit le titre de basilique mineure en 1903 et figure depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. La basilique a souffert lors des bombardements de 1940, qui détruisirent une partie de ses vitraux ; ceux du chœur ont été remplacés par des verrières de Max Ingrand. L'édifice mesure 75 mètres de long sur 38 mètres de large et présente un plan en croix latine à triple vaisseau ; la nef, haute de 23 mètres, et les bas-côtés sont couverts de voûtes d'ogives. Un large transept sépare la nef du chœur, lui-même composé de trois travées et clos par trois absidioles polygonales. Dix-sept chapelles latérales doublent les bas-côtés, souvent liées à des confréries ou corporations, et conservent nombre d'œuvres d'art : retable et tableau dans la chapelle Saint-Jacques, sculptures comme une Pietà de la fin du XVe siècle ou une représentation de sainte Ursule, une chaire du XVIIIe siècle surmontée d'une statue de saint Michel, ainsi que des dalles funéraires témoignant d'inhumations autrefois pratiquées à l'intérieur de l'édifice. Les vitraux couvrent des périodes variées, du XVIe au XXe siècle, et comprennent notamment un arbre de Jessé aux tons rouge, jaune et bleu. Le buffet d'orgue de style Louis XV, construit au XVIIIe siècle, abrite un instrument restauré et reconstruit à plusieurs reprises, dont une restauration récente achevée en 2011 ; le buffet et l'instrument bénéficient d'une protection au titre des monuments historiques. Sous le clocher, la crypte conserva longtemps des corps momifiés découverts lors de l'inhumation de l'ancien cimetière paroissial en 1791 ; ces « momies » attirèrent des visiteurs jusqu'à la fermeture de la crypte en 1979 et leur inhumation finale au cimetière de la Chartreuse en 1990. Enfin, la basilique demeure un édifice majeur du patrimoine bordelais, à la fois lieu de culte et témoin de l'histoire architecturale et sociale de la ville.