Origine et histoire de la Basilique Saint-Seurin
L'église actuelle a succédé à deux édifices plus anciens : un oratoire dédié à la Trinité, transformé et agrandi en chapelle souterraine de saint Fort, et une petite église primitive aujourd'hui disparue sous les constructions postérieures. Dans l'oratoire furent inhumés saint Seurin, l'un des premiers évêques de Bordeaux, ainsi que saint Amand et saint Fort. L'édifice, qui a connu pillages et restaurations au cours du Moyen Âge, est aujourd'hui aussi reconnue comme basilique mineure, érigée par Pie IX, et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle ; elle a été classée aux monuments historiques dès 1840. La basilique conserve ou a conservé des reliques attribuées à plusieurs saints, notamment saint Seurin et saint Fort.
Le site s'appuie sur une nécropole antique où apparaissent dès le IVe siècle des signes de sépultures chrétiennes ; une épitaphe extraite lors des fouilles de 1909, celle de Flavinus, est aujourd'hui exposée au musée d'Aquitaine. Les traditions hagiographiques, relayées notamment par Grégoire de Tours, attachent à la fondation la venue de Severinus et sa rencontre avec l'évêque Amandus, et alimentent la renommée du lieu auprès des pèlerins médiévaux, qui furent également attirés par la légende de l'olifant de Roland autrefois conservé à l'autel.
Sur le plan architectural, un premier lieu de culte est attesté dès le milieu du Ve siècle, puis disparaît au IXe siècle. À partir du XIe siècle, les chanoines entreprennent une reconstruction d'envergure ; l'édifice romain évolue ensuite vers un plan gothique aux XIe–XIIIe siècles, avec surélévation du chœur et de la crypte pour rendre visibles les reliques. Les XIVe et XVe siècles voient l'ajout de plusieurs chapelles, dont la chapelle Notre-Dame de la Rose et son autel consacré par l'archevêque Pey Berland en 1444. Des effondrements de voûtes survenus en 1566 et 1698 entraînent des travaux importants qui, surtout au XVIIIe siècle sous la direction de Jean‑Baptiste Augier, modifient l'état gothique de certains espaces et provoquent le remblaiement du sol, avec l'enterrement partiel de la crypte.
La façade occidentale a été remaniée au XIXe siècle : restaurée et pourvue d'un décor néo-roman par l'architecte Pierre-Alexandre Poitevin, elle est ornée de sculptures de Dominique Fortuné Maggesi. Le portail occidental roman, composé de trois arcades et de chapiteaux historiés, est en grande partie masqué par cet appareillage néo‑roman. Un clocher quadrangulaire domine le vieux portique, un beffroi est appliqué au flanc sud, et la porte méridionale, de style gothique, présente ogives trilobées, statues en taille réelle et bas-reliefs ; le portail sud, richement sculpté, comporte notamment une composition du Jugement dernier et une série de statues représentant les apôtres.
Le décor sculpté du couloir-porche et du portail rassemble des chapiteaux romans réemployés, dont un chapiteau gallo‑romain en marbre probablement venu du Palais Gallien, et des scènes bibliques comme le Sacrifice d'Isaac, ainsi que des motifs végétaux et animaliers. Le porche méridional, œuvre des XIIe–XIIIe siècles, articule tympans, voussures et colonnettes et porte une inscription rappelant un décès daté de 1267. Les tympans et voussures illustrent les thèmes du Jugement dernier, de la Résurrection et d'épisodes liés à saint Seurin ou à d'autres figures hagiographiques, intégrant anges, vertus et hiérarchies angéliques.
Le mobilier médiéval, largement dispersé ou perdu, comporte néanmoins des éléments notables : retables en albâtre du XVe siècle, dont celui de la chapelle Notre-Dame de la Rose et un retable majeur relatant la vie de saint Seurin et la légende de saint Martial ; une chaire épiscopale en pierre du début du XVe siècle et un siège épiscopal conservés dans le chœur ; et trente-deux stalles gothiques sur quarante-sept initiales, dont les miséricordes figurent saints, prophètes et scènes satiriques. Plusieurs statues en albâtre des XIVe et XVe siècles subsistent, notamment une Vierge de la chapelle Notre-Dame de la Rose.
Sous l'autel, la crypte conserve le sarcophage de saint Seurin et s'inscrit dans la continuité d'un lieu funéraire initial daté du Ve siècle ; elle abrite un ensemble important de sarcophages et de tombeaux, dont ceux attribués à sainte Véronique, à sainte Bénédicte, à saint Delphin et au tombeau monumental de saint Fort réalisé au XVIIe siècle. La crypte, voûtée en berceau et divisée en trois vaisseaux soutenus par colonnes de porphyre, contient une fosse quadrangulaire avec trois sarcophages en calcaire visibles derrière une grille. De nombreuses campagnes de fouilles aux XIXe et XXe siècles ont mis au jour près de cent soixante sarcophages et ont permis l'ouverture au public de la crypte à la fin du XXe siècle.
Parmi les éléments plus récents, un reliquaire pour les restes de saint Amand a été exécuté à la suite de leur redécouverte en 2017 et placé dans le collatéral sud de la crypte ; d'autres tombeaux montrent l'usage de réemplois architecturaux et la présence de carreaux de terre cuite datés du IVe–Ve siècle intégrés au murage. Les restaurations contemporaines ont concerné les toitures, les parties hautes de l'édifice et plusieurs chapelles ; la restauration du portail gothique en 2005 a mis au jour des traces de polychromie d'origine. Un incendie accidentel a endommagé la sacristie le 13 juin 2018.