Origine et histoire de la Basilique Saint-Urbain
La basilique Saint-Urbain de Troyes, dans l'Aube, est un édifice catholique de style gothique, élevé à l'emplacement de la maison natale présumée du pape Urbain IV et consacré en 1389. Sa construction, lancée dans la seconde moitié du XIIIe siècle grâce aux moyens considérables apportés par Urbain IV, a donné naissance à un monument majeur du gothique rayonnant, remarquable par l'unité de son style et la place accordée aux verrières. Jacques Pantaléon, d'origine modeste — son père était cordonnier — devint pape en 1261 sous le nom d'Urbain IV après une carrière ecclésiastique importante ; il entreprit d'ériger une basilique dédiée à saint Urbain, son patron. La majeure partie de l'édifice fut élevée rapidement entre 1262 et 1286, sous la direction du maître d'œuvre Jean Langlois pour les premières années, et la construction fut poursuivie par le neveu du pape après la mort d'Urbain IV. Les travaux connurent des interruptions et des incidents : un incendie en 1266 détruisit la charpente du chœur, et l'abbesse Ode de Pougy, qui refusait l'implantation d'une église dépendant du Saint-Siège sur son fief, fit obstacle aux travaux entre 1266 et 1269, ce qui conduisit à son excommunication en juillet 1268. Après la reprise des travaux, on termina notamment les porches et la partie haute du transept entre 1267 et 1270. Consacrée en 1389, la collégiale devint bâtiment paroissial à la Révolution ; le chœur et le transept furent restaurés de 1876 à 1886, puis la nef et le portail occidental furent achevés par l'architecte diocésain Paul Selmersheim entre 1893 et 1905. L'édifice a jadis été coiffé d'une flèche de 34 m attaquée par la foudre en 1761 et ensuite démolie sur ordre du chapitre. Architectoniquement, Saint-Urbain souligne son squelette structurel : colonnes fasciculées montant sans interruption vers les voûtes, élévation simplifiée en deux niveaux — grandes arcades et baies hautes — et arcs-boutants reportant les efforts vers l'extérieur pour laisser la place aux vitraux. L'ensemble donne une église composée essentiellement d'éléments porteurs et de verre, où un abondant cycle de vitraux occupe toutes les surfaces non structurelles. La basilique possède trois portails du XIIIe siècle ; le portail occidental, divisé en trois parties, présente un tympan sur le thème du Jugement dernier, et le portail nord est protégé par un dais en dentelle de pierre. À l'intérieur, la lumière est prépondérante grâce aux verrières : les fonts baptismaux du XVe siècle proviennent de l'église Saint-Pierre-aux-Nonnains et leur couvercle en bois est l'œuvre de François-Joseph Valtat vers 1845 ; on y trouve aussi un lavabo du XIIIe siècle représentant le couronnement de la Vierge et les deux mécènes de la basilique, une piscine sculptée par Charles Fichot, ainsi que des cycles de vitraux et des scènes historiques réparties dans la nef et le chœur. Le tympan du Jugement dernier est associé à un vitrail où figurent, de gauche à droite, saint Valérien, saint Louis, saint Urbain, Urbain IV, saint Thomas d'Aquin et sainte Cécile, tandis que le chœur conserve des grisailles vers 1270 montrant des personnages de profil et une bordure héraldique reprenant les armes de France, de Navarre, de la ville de Troyes, du chapitre et du pape Urbain IV. La nef comporte sur les bas-côtés nord seize panneaux illustrant la vie du pape Urbain Ier, ensemble rénové par Didron en 1897, et l'on trouve également un vitrail représentant Jacques de Troyes prêchant. Les chapelles abritent des verrières notables, la chapelle nord présentant un vitrail de la Visitation du XIIIe siècle et la chapelle sud un vitrail dit « Marie aux raisins ». La statuaire intérieure comprend un transi de la famille Cauchon-Maupas (1570), des statues telles qu'« Ecce homo », saint Roch, la Vierge, Jean au calvaire et la « Vierge aux raisins » ; certaines pièces, provenant de l'ancien couvent des cordeliers, datent du XVIe ou du début du XVIIe siècle. La Vierge aux raisins, classée au titre des monuments historiques, montre la Vierge debout sur un croissant de lune tenant l'Enfant Jésus qui bénit et tient une grappe ; la sculpture conserve des traces de polychromie et de broderie. La basilique a été également lieu d'inhumation, où de nombreuses dalles funéraires attestent des sépultures médiévales et modernes, dont celles de Pierre le Breton et de sa femme Laurette Mérille (XVe siècle), de Félis Gras de Chauchigny et de sa femme Jehanne (1370–1380), de Gui de Bosco (1361), de Marguerite la Caillate (1411), de membres de la famille La Rüe (XVIe siècle) et d'autres personnages tels qu'Étienne Mollé, Jacques Juliot, Jehan Maulery, Jacquette de Pleurs et Pierre Derbisse. À l'extérieur, l'ornementation comporte des anges sculptés au portail occidental, des gargouilles et des dispositifs d'évacuation des eaux, qui participent à l'expression sculptée de la façade.