Origine et histoire de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine
La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, située dans l'Yonne en Bourgogne-Franche-Comté, est une ancienne abbatiale et un haut lieu du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Construite principalement entre 1120 et 1140, elle constitue un chef-d'œuvre de l'art roman, complété à la fin du XIIe siècle par un chœur gothique qui accentue la verticalité et la luminosité. Le narthex roman, la vaste nef et le chœur gothique organisent un parcours symbolique où l'on passe d'espaces plus obscurs vers une intensité lumineuse croissante ; au solstice d'été, les vitraux sud projettent une ligne de points lumineux au centre de la nef. Le grand tympan intérieur du narthex présente un Christ en gloire et la mission des apôtres, entouré de voussures figurant les peuples de la terre et les travaux des mois, tandis que les portails latéraux illustrent l'Enfance et la Résurrection du Christ. La sculpture des chapiteaux, au nombre de 118 pour l'ensemble narthex–nef, offre une riche iconographie biblique, mythologique et morale, parmi laquelle figurent des motifs célèbres comme le Moulin mystique. L'abbaye tire son renom de la présence et de la vénération des reliques de Marie-Madeleine, exposées et reconnues au XIe siècle, qui firent affluer pèlerins et souverains. Les origines monastiques remontent aux fondations politiques du IXe siècle liées au comte Girart de Roussillon ; une bulle pontificale de 863 a assuré à Vézelay une protection directe du Saint-Siège. Après des destructions par les Normands, les moines s'installèrent sur la colline ; la crypte carolingienne, dédiée en 878, subsiste encore. L'abbaye connut de fortes tensions avec évêques et réformes clunisiennes au XIe et XIIe siècles, puis un essor marqué par la reconstruction de l'abbatiale et son rayonnement spirituel et politique. Un incendie en 1120 détruisit la charpente et provoqua de lourdes pertes humaines ; la nef fut alors reconstruite sous l'abbé Renaud de Semur et achevée vers 1132, avec l'intervention probable d'artistes associés à l'entourage de Cluny ou d'Autun. Au XIIe siècle, Vézelay servit de scène à des événements majeurs, notamment la proclamation de prêches de croisade et le départ de Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion pour la troisième croisade en 1190. Au cours du Moyen Âge tardif l'attrait du pèlerinage déclina en partie après la reconnaissance concurrente des reliques à Saint-Maximin, tandis que la vie monastique et les bâtiments souffraient des guerres, des incendies et du déclin des ressources. La sécularisation de l'abbaye en 1537, les occupations pendant les guerres de religion et la vente révolutionnaire entraînèrent la disparition de la plupart des bâtiments conventuels et la mutilation des sculptures. Prosper Mérimée signala l'état ruineux de l'église en 1834, puis la basilique fut protégée sur la première liste des monuments historiques en 1840 et restaurée à partir de cette date par Eugène Viollet‑le‑Duc. Des reliques furent solennellement remises et replacées à la fin du XIXe siècle, la basilique fut élevée au rang de basilique par le Saint‑Siège en 1920, et les pèlerinages reprirent progressivement. Après des restitutions successives de la desserte (bénédictins, franciscains), les Fraternités monastiques de Jérusalem assurent depuis 1993 l'animation liturgique et la proposition de visites, avec plusieurs offices quotidiens. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979, la basilique se distingue par son plan et ses dimensions — longueur extérieure 120 m, nef de 62,50 m —, par la puissance expressive de sa sculpture romane et par la claire opposition entre la sobriété de la nef et la lumière du chœur gothique. Aujourd'hui la colline et la basilique continuent d'attirer un public nombreux, sensibles à la valeur architecturale, sculpturale et spirituelle du lieu.