Origine et histoire de la Basilique Sainte-Trinité
La basilique Sainte-Trinité de Cherbourg-en-Cotentin, située dans la Manche en Normandie, est une basilique mineure gothique et l'un des plus anciens monuments de la ville, inscrite aux monuments historiques. Une église à Cherbourg aurait été fondée vers 435 par saint Éreptiole et détruite lors des raids vikings vers 841 ; elle fut reconstruite sous le duché de Richard II et dédiée en 1033. En 1063, Guillaume, futur Guillaume le Conquérant, établit un chapitre et fait édifier, hors de l'enceinte du château, une église qui serait celle de la Trinité, placée sous le patronage des évêques de Coutances. Une bulle d'Eugène III mentionne déjà sa consécration à la Sainte-Trinité en 1145. Incluse dans les remparts lors de la fortification de la cité vers 1300, l'église subit de nombreuses destructions pendant la guerre de Cent Ans et fit l'objet de chantiers répétés au XVe siècle. Des travaux sont entrepris en 1412, puis repris après les dommages subis lors de la capitulation anglaise de 1418 ; la reprise en 1422 dut être suspendue par manque de fonds. En 1428 sont construits le clocher en bâtière à la croisée du transept, le chœur avec ses fenêtres de style Tudor et certaines chapelles, témoignant d'un redressement économique malgré l'occupation anglaise. La nef est reconstruite à partir de 1450, après le départ des Anglais, et l'édifice achevé est consacré le 24 mai 1466 par Jean Tustot. En 1466, à la suite d'un vœu pour la délivrance de la cité, Jean Aubert fit installer sous la voûte de la nef un automate représentant l'Assomption, animé chaque 15 août par un mécanisme qui fonctionna jusqu'en 1702 puis fut détruit lors de la Révolution ; cette réalisation donna lieu à la confrérie dite « Notre-Dame Montée ». La construction et les aménagements se sont poursuivis ensuite, parfois sans unité stylistique, avec notamment une chapelle du Saint-Sacrement au XVIIIe siècle et le début d'une tour et d'un portail nord à partir de 1531. L'église fut saccagée en janvier 1794 et le monument de l'Assomption détruit ; elle fit l'objet de restaurations et de consolidations au XIXe siècle sous la direction de l'architecte Geufroy. En 1828 on adjoignit au portail ouest une tour carrée de vingt-six mètres, le porche roman et la tour centrale furent restaurés au XIXe siècle, et l'édifice fut élevé au rang de basilique mineure en décembre 1921 par le pape Benoît XV. Architectoniquement, la basilique associe des éléments romans — notamment le porche du XIe ou XIIe siècle et la structure intérieure de la tour centrale — et des créations gothiques, dont un portail nord de style flamboyant commencé en 1531. L'édifice comporte trois nefs voûtées d'ogives, un chœur à trois travées avec collatéraux, des chapelles latérales et un chevet adossé à un vestige du rempart urbain. Les grandes arcades de la nef reposent sur des piliers ronds et sont ornées de bas-reliefs : au nord une danse macabre du XVe siècle, et au sud des scènes de la Passion ; ces sculptures de transition gothique-Renaissance ont été restaurées au XIXe siècle. L'intérieur conserve un mobilier riche, comprenant notamment un maître-autel classique et son retable par François-Armand Fréret, une chaire sculptée par Pierre Fréret, les grandes orgues de Cavaillé-Coll, ainsi que plusieurs tableaux et sculptures cités par les sources. Parmi les éléments protégés figurent des fonts baptismaux polychromes du XIVe siècle et leur couvercle néogothique, une cloche anglaise du XVIIIe siècle et dix bas-reliefs en albâtre du XVe siècle, classés au titre des monuments historiques. Le chœur contenait 46 stalles et diverses œuvres remarquées au XIXe siècle ; en 1864 une toile représentant l'Assomption, dite « tableau du Vœu », fut placée pour boucher l'ouverture laissée par l'ancien mécanisme. La succession des titulaires de la cure est documentée de 1466 (Jean Tustot) à Francis Marécaille, en poste depuis 2016. La basilique Sainte-Trinité, inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 14 mars 1944, demeure un lieu majeur du patrimoine religieux et artistique de Cherbourg-en-Cotentin.