Origine et histoire
Le bassin de radoub du port de Saint-Pierre, sur l'île de La Réunion, est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques depuis le 12 janvier 2006. Déjà à la fin des années 1770, l’ingénieur du roi Jean-Baptiste de Tromelin avait envisagé la construction de jetées à l’embouchure de la rivière d’Abord, projet resté sans suite. Avec l’essor de l’économie sucrière au milieu du XIXe siècle, la création d’un port à Saint-Pierre se concrétise sous l’impulsion du gouverneur Hubert Delisle et du maire Charles Motais de Narbonne. En 1854, la première pierre d’une jetée est posée à Terre Sainte ; l’ingénieur colonial Louis Maillard propose alors d’aménager deux jetées et un épi pour abriter de la houle les bassins naturels existants. Ces ouvrages se révèlent insuffisants et l’on adopte le projet de creuser une nouvelle darse en perçant la plaque corallienne afin d’obtenir un bassin de quatre hectares avec une passe de trente mètres, initié par Pierre Joseph Bonnin puis par Camille Jacob de Cordemoy. Les travaux butent sur une veine rocheuse très dure et, après la crise économique qui suit 1863, la colonie se retire du financement ; la municipalité de Saint-Pierre reprend les travaux en contractant des emprunts importants. Le creusement du chenal d’accès est achevé en 1883, année de l’inauguration du port, qui peut alors recevoir des navires de 4,5 mètres de tirant d’eau, capacité bientôt dépassée par l’évolution des tonnages et qui conduit à privilégier le port de la Pointe des Galets. Entre 1870 et 1885, des travaux visent à améliorer les capacités et les services liés à la construction, la réparation et l’entretien des navires ; un bassin de radoub est creusé à l’angle sud‑ouest du port. Faute de fortes marées à Saint-Pierre, la mise à sec des bâtiments se faisait en fermant l’entrée du bassin puis en évacuant l’eau à l’aide de pompes. Vingt-deux bassins de ce type sont repérés dans le patrimoine français, mais seuls ceux de Rochefort et de Toulouse bénéficient d’une protection au titre des monuments historiques. Dès le milieu du XXe siècle, le bassin de radoub a perdu sa fonction originelle ; il sert depuis d’abri aux barques des pêcheurs et des quais y ont été aménagés lors de la modernisation du port à la fin des années 1990.