Origine et histoire
Construit au début du XXe siècle pour la Chambre de Commerce, le bâtiment du Conditionnement a été l’œuvre de l'architecte Albert Bouvy et de l'entrepreneur A. Pennel. Il occupait une place importante dans le secteur lainier roubaisien en assurant le contrôle du taux d'humidité de la laine brute, calcul imposé à la profession depuis 1858, afin de déterminer le prix marchand avant l'usinage. L'édifice s'étend sur un quadrilatère d'environ un hectare et présente une longue façade de 244 mètres en briques, ponctuée de briques vernissées et de pierres blanches qui témoignent d'une grande homogénéité et d'un soin décoratif. La structure générale en béton armé, novatrice pour l'époque, porte près de 12 000 m² de surfaces, comprenant deux hangars, des laboratoires et une habitation pour le directeur. L'ensemble est organisé autour d'une rue en U couverte, la première section étant protégée par une verrière sur une structure métallique, et des quais intérieurs permettaient le déchargement et le rechargement des balles de laine avant expédition. L'activité textile s'est poursuivie jusqu'en 1972 ; le bâtiment a ensuite été occupé par une entreprise de transports jusqu'en 1998, date à laquelle il a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et cédé à la commune de Roubaix. Réhabilité en 2003 sous la direction de l'architecte Patrick Bouchain, il a été transformé en manufacture culturelle, dite Maison Folie de Roubaix : la halle B de 2 400 m² destinée aux expositions, une salle de spectacle de 400 places, des plateaux de répétition, la halle C consacrée à la création et aux ateliers, la rue couverte de 15 mètres de large sur 140 mètres de long pour les événements extérieurs, les laboratoires, des bureaux à l'emplacement de la maison du directeur, ainsi que des toits-terrasses, un estaminet, un restaurant et un bazar ont été aménagés. La Condition publique a été inaugurée lors de Lille 2004, capitale européenne de la culture. Entre 2019 et 2020, la Métropole européenne de Lille, propriétaire du bâtiment, a conduit d'importants travaux de rénovation sur la rue intérieure et la façade donnant sur la rue Monge. Aujourd'hui, la Condition publique héberge une communauté créative composée d'associations culturelles, d'artistes, d'artisans, d'initiatives sociales et de projets médias, et propose des espaces de travail partagés, ateliers et un fablab. Son restaurant est géré par la Compagnie de l'Oiseau Mouche (ESAT). Depuis 2020 elle propose un accompagnement à l'entrepreneuriat culturel soutenu par la DGMIC, et en octobre 2020 elle a coorganisé deux journées consacrées aux tiers-lieux et à la culture avec la Compagnie des Tiers Lieux et l'Agence nationale de cohésion des territoires. Ouverte au quotidien, la Condition publique offre des ateliers libres ou encadrés, des séances de bricolage, des ateliers parents-enfants et un skatepark conçu par le designer Yinka Ilori. Elle accompagne des projets de création et des résidences, notamment dans les arts urbains, et un parcours de street art se déploie autour du bâtiment et sur son toit, réalisé par de nombreux artistes. Lieu de programmation, elle accueille tout au long de l'année festivals et manifestations tels que Pile au RDV, la Braderie de l'Art, des événements de danse et le NAME Festival, ainsi que des expositions temporaires; au printemps 2021, la Condition publique a servi de quartier général pour la saison AFRICA2020 de l'Institut Français.