Origine et histoire de la Batterie de Cornouaille
La batterie de Cornouaille, parfois appelée fort de Cornouaille ou batterie basse, est une structure d’artillerie du XVIIe siècle située à Roscanvel, sur la presqu’île de Crozon. Elle commandait, avec le fort du Mengant opposé, l’entrée du goulet de Brest et exposait les navires à un tir croisé. En 1680, les ingénieurs Ferry, Sainte-Colombe et Mollart avaient envisagé d’ériger un fort sur la roche de Mengant, mais le projet fut abandonné en raison de la violence des courants. On privilégia alors la construction de deux batteries de côte se faisant face : la batterie du Léon au nord (plus tard dite Mengant) et la batterie de Cornouaille au sud. La construction de Cornouaille débuta en 1684, à proximité d’un premier ouvrage élevé par le duc de Beaufort en 1666 ; le chantier, interrompu faute de crédits au profit de l’arsenal de Brest et de la batterie du Léon, reprit en 1693 et s’acheva en 1696. L’ouvrage est curviligne, long d’environ 250 mètres, constitué d’une plate-forme adossée à la falaise et soutenue par une escarpe ancrée dans le roc, bordée d’un parapet formant deux flancs très courts. La plate-forme, percée d’embrasures et destinée à recevoir des pièces d’artillerie, était reliée au sentier à flanc de falaise par un escalier à l’extrémité sud. Le projet initial prévoyait aussi une batterie haute reliée par deux branches tombantes, éléments qui ne furent jamais réalisés et expliquent l’abandon progressif de l’appellation « batterie basse ». En 1813 fut édifiée sur la hauteur une tour-réduit de type 1811, offrant un poste d’observation et une protection contre une attaque terrestre et pouvant accueillir soixante hommes. Entre 1840 et 1870, la batterie fut transformée : les embrasures furent comblées et les canons remplacés par des pièces de plus petit calibre à tir plus rapide et par un projecteur. En 1888 une cavité fut creusée sous la falaise pour installer une batterie de rupture de très gros calibre : deux canons Modèle 1870-1884 tirant au ras de l’eau, deux cheminées pour l’évacuation des gaz et un accès extérieur par un escalier sur le flanc nord. Pour ces éléments, des embrasures furent percées dans la roche et sous le mur d’enceinte, et les arcs soutenant l’escarpe furent réalisés en granite taillé, rendant les positions de tir presque invisibles depuis la mer. La batterie de Cornouaille conserva jusqu’à la fin du XIXe siècle une importance stratégique majeure pour le verrouillage du goulet, témoignant de l’adaptation des fortifications aux évolutions de l’armement sous l’autorité des ingénieurs de Vauban. Entre 1942 et 1944, les forces allemandes y installèrent une batterie de Flak de six pièces de 105 mm ; la zone fut fortement bombardée en fin de guerre et la plupart des installations furent détruites, la fortification historique de Vauban demeurant cependant intacte. Jusqu’à récemment terrain militaire, le site a été cédé au Conservatoire du littoral le 21 juillet 2009 et l’ensemble des ouvrages a été classé monument historique par arrêté du 25 avril 2013. Les tempêtes de fin 2023 et de début 2024, dont la tempête Ciarán, ont endommagé la structure. Aujourd’hui abandonnée, la batterie de Cornouaille reste un témoignage remarquable du patrimoine militaire et des défenses côtières de la rade de Brest.