Origine et histoire du Becquet de l'Iton
Le Becquet de l'Iton, dit aussi Becquet de Chéraumont, est un ouvrage hydraulique de maçonnerie situé sur la commune de Bourth, dans l'Eure, à la frontière avec Francheville, entre le bois de Chéraumont et le hameau des Graviers. Construit au XIIe siècle par Henri Ier Beauclerc, il partage les eaux de l'Iton en deux bras forcés destinés à alimenter les places fortes de Breteuil-sur-Iton (au nord) et de Verneuil-sur-Avre (au sud). L'ouvrage comprend un éperon en amont qui divise le courant et dirige l'eau vers deux canaux; devant le barrage, les berges s'élargissent pour former un bassin de retenue équipé de deux déversoirs. Ces déversoirs, écartés en amont, convergent au niveau de la maçonnerie avec un angle inférieur à 45°, leurs bords sont pourvus de lamiers métalliques et des piles en pierre de taille y sont réparties pour prévenir la formation d’embâcles. Les maçonneries ont été réparées en 1808; le bassin de retenue a été agrandi et les bassins déversoirs réaménagés en 1843, année où un déversoir a été installé. Au XVIIIe siècle le becquet a été presque entièrement restauré, pour une valeur de 6 300 francs or en 1810, puis doté d'améliorations au XIXe siècle pour 14 000 francs or. Henri Ier entreprit ces aménagements après 1117 pour alimenter les fossés de Verneuil-sur-Avre; il réalisa entre 1119 et 1131 un seuil séparant les eaux en deux bras et fit installer deux drains — des pierres percées appelées trou-de-botte et trou-de-corne — mesurant 6 et 3 pouces. Guillaume II le Bâtard avait auparavant détourné une partie de l'Iton par un canal pour alimenter les fossés de Breteuil; ce canal rejoignait ensuite le lit primitif de l'Iton un peu au‑dessus du vieux château de Condé. Au XIXe siècle, Gabriel Vaugeois décrit l'ouvrage comme un barrage de maçonnerie remarquable présentant un épi en amont qui rejette les eaux dans deux canaux et note qu'il était à sec en 1841. L'ouvrage s'étend sur 30 kilomètres et le barrage est situé à Bourth. Le SIHVI a acquis une parcelle du site le 20 juillet 1999, suivie d'une expropriation en 2002 et de travaux comprenant l'évacuation de boues, le remplacement de pavés au fond des déversoirs et la réparation de la maçonnerie et des joints du mur séparant les deux bras. Le 14 octobre 2002, le becquet et ses éléments — bassins de retenue, déversoirs, éperon et maçonnerie — ainsi que les parcelles concernées ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Entre mars et mai 2013, le site a été aménagé pour les personnes à mobilité réduite et un parking a été construit; l'inauguration a eu lieu le 6 septembre 2014, avec un financement assuré à 39,1 % par le Conseil général, à 25,7 % par le Conseil régional et à 15,2 % par le FEADER. Depuis 1857, la gestion des eaux est régie par un règlement de police des eaux confié au syndicat des eaux de l'Iton; aujourd'hui le Syndicat Intercommunal de la Haute Vallée de l’Iton (SIHVI) assure la gestion de l'ouvrage. Le terme « becquet » vient du vieux normand et de racines scandinaves ou germaniques (bekkr, beck, baek, bach), signifiant « bec » ou « ruisseau », et se retrouve dans bechez (vers 1170) pour « petit bec ».