Origine et histoire du Beffroi
Le beffroi de Boulogne-sur-Mer, ancien donjon élevé au XIIe siècle pour le premier château comtal, se dresse place Godefroy-de-Bouillon. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 10 juin 1926. Sa construction est attribuée à Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, l’un des seigneurs puissants du royaume qui s’opposa au roi Philippe Auguste. Ce donjon constitue le dernier vestige du château comtal, qui comportait d’autres bâtiments vraisemblablement plus spacieux et en grande partie en bois. Philippe Hurepel, son successeur, fit édifier un nouveau château à l’angle oriental de l’enceinte urbaine et céda l’ancien donjon aux bourgeois de la haute ville, qui en firent leur beffroi. La tour abritait la cloche marquant le rythme de la vie sociale et servait d’écrin sûr pour le sceau, la charte et les autres documents communaux. Face aux tours du seigneur et de l’église, elle symbolisait la liberté communale et l’affirmation du pouvoir échevinal, bien que ce pouvoir fût en réalité limité. En 1268, après le refus des bourgeois de payer un subside pour la croisade, Louis IX supprima la charte communale, brisa le sceau et la cloche, et le beffroi fut partiellement détruit; il fut reconstruit l’année suivante lorsque les privilèges furent rétablis, et c’est probablement de cette période que date l’étage destiné aux cloches. L’étage octogonal que l’on voit aujourd’hui a été établi au début du XVIIIe siècle par l’ingénieur Martinet pour remplacer une flèche en ardoise détruite par un incendie en 1712. Avant cette transformation, le beffroi, coiffé d’une flèche en charpente et en ardoise cantonnée de quatre petites flèches au-dessus des échauguettes d’angle médiévales, devait ressembler à celui de Douai. Le beffroi fut le seul monument historique de la ville épargné lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 2005, il fait partie, avec d’autres beffrois de la région, du patrimoine mondial de l’humanité.
