Origine et histoire
Le beffroi est une tour d'usage civil, indépendante ou adjointe à un bâtiment public comme l'hôtel de ville, qui abrite originellement des cloches puis des carillons, des horloges ou parfois un phare aéronautique. Au Moyen Âge, il symbolise les libertés communales concédées par le suzerain ; sa cloche dite bancloque appelle la population aux délibérations, signale les exécutions ou avertit de l'approche d'un ennemi, et les chartes communales y étaient conservées. L'installation d'une horloge publique dans le beffroi traduit un changement de rythme social : elle marque le passage d'un temps essentiellement religieux, rythmé par les heures canoniales, à un temps profane lié au commerce et à la vie urbaine. Les beffrois, construits du XIe au XVIIe siècle, adoptent des styles variés — roman, gothique, Renaissance et baroque — et demeurent particulièrement caractéristiques des villes du nord de la France et de Belgique. Parmi les exemples cités figurent les beffrois de Millau, Tournai, Bruges, Gand, L'Écluse, Amiens, Pignans, Mons, Lille, Charleroi, Châteauneuf-de-Mazenc, la Grosse Cloche de Bordeaux, la Tour de l'Horloge de Saint-Jean-d'Angély et la tour de l'hôtel de ville de Strzelin en Pologne. Le mot « beffroi », attesté dès 1155 sous la forme berfroi, désignait d'abord une tour mobile de siège, puis, aux XIIIe et XVe siècles, une tour de ville contenant une cloche, la cloche elle‑même ou encore une charpente de moulin. L'étymologie probable renvoie à un terme gallo-roman *BERFREDU et au vieux bas francique *bergfriþu, apparentés à des formes moyen-néerlandaises et moyen haut allemandes signifiant « tour de défense », avec une origine plus lointaine dans le proto-germanique *bergafriþuz ; une autre hypothèse, non attestée, propose un composé signifiant « effroi » lié à la fonction d'alarme. Certaines traditions festives locales associent les beffrois au lancer d'objets vers la foule rassemblée à leurs pieds : louches à Comines, petits biscuits nommés nieulles à Armentières, pichous à Tournai, harengs fumés à Dunkerque, et à Ypres des chats en peluche rappelant une ancienne pratique plus cruelle. Les beffrois de Belgique et de France figurent sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1999 et 2005.