Origine et histoire de la Belle-Croix
La Belle-Croix est un petit édifice de type croix couverte situé à Ennery (Moselle) et classé au titre des monuments historiques. L’édicule présente une voûte en croisée d’ogives dont les nervures, se croisant à angle droit, s’appuient sur quatre contreforts angulaires et se prolongent sans tailloirs ni chapiteaux jusqu’à une base octogonale reposant au sol dans chacun des angles de la petite chapelle. Sur chacune des quatre faces s’ouvre une large ogive d’environ 2,50 m de largeur sur 3,80 m de hauteur ; un mur à hauteur d’appui fermait ces ogives sur trois côtés. Deux rosaces ornent deux faces opposées. Les contreforts, disposés sur deux étages, se terminent par un pignon élancé orné de deux crochets en relief. Sous ces décors sont gravés, d’un côté, l’écusson de la famille de Heu et, de l’autre, la date 1462. Ces marques identifient la famille responsable de la construction et situent l’édifice à l’époque correspondant à son style ; il a été avancé qu’il pourrait s’agir d’un monument de piété filiale élevé par Jean de Heu en mémoire de son père Nicolle II, grand aumônier, mort la même année. La croix elle-même fut renversée pendant la Révolution et rétablie au début du XXe siècle ; son style, bien que distingué, ne correspondait pas exactement à celui de l’édicule qui l’abritait. L’édifice a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 3 septembre 1921. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la croix fut retirée pour être mise en sécurité dans une maison, mais elle ne fut jamais retrouvée. En 1976, des jeunes du village procédèrent au nettoyage du site et, en creusant, mirent au jour deux statuettes en pierre de Jaumont de 45 centimètres représentant des personnages ; ces sculptures, décapitées, témoignent d’un arasement antérieur à la Révolution et provenaient vraisemblablement des niches situées dans la partie haute des contreforts. Les quêtes organisées lors des messes dominicales permirent d’acquérir une nouvelle croix, sur laquelle un habitant offrit un Christ en bronze ; le monument restauré fut béni le 12 décembre 1976. En 1978, l’élargissement de la route départementale obligea à déplacer l’édifice : les pierres furent numérotées et descellées par des spécialistes des Beaux-Arts, puis l’ensemble fut réédifié à 48 mètres de son emplacement primitif. Un cartouche gravé indique la direction et la distance du site ancien.