Origine et histoire de la Bibliothèque municipale
L'édifice occupe l'emplacement de l'ancien couvent de Moreaucourt, déjà représenté de manière schématique sur le plan Arnaudin de 1770. Des sources anciennes indiquent que le couvent, associé à l'ordre de Fontevrault, comprenait un vaste monastère en brique avec des souterrains et une chapelle dédiée à saint Jean l'Évangéliste ; pendant la Révolution, il fut affecté à une manutention de vivres et son église fut détruite par un incendie. Après diverses utilisations, notamment l'installation d'une filature de coton en 1812, la municipalité décida de créer une bibliothèque municipale ; la ville acquit les bâtiments de l'ancien couvent pour cet usage et pour y loger des écoles. À partir de 1822, des projets d'aménagement furent présentés : l'architecte communal François-Auguste Cheussey proposa des plans qui furent jugés trop coûteux, puis présenta deux variantes, l'une de reconstruction complète et l'autre conservant une partie du couvent pour les frères des écoles chrétiennes. Un inspecteur dépêché sur place signala l'état très dégradé de la charpente ancienne, fournit une esquisse et recommanda de prolonger les ailes pour aménager un musée ; Cheussey fut chargé d'établir les plans définitifs. Les débats entre municipalité, préfet et commissions aboutirent à des modifications visant à limiter le coût et l'ornementation du projet : réduction de certains locaux, limitation des ouvertures et emploi raisonnable de la pierre de taille, déplacement de la chapelle et ajustement de l'organisation intérieure. Selon H. Dusevel, la première pierre de la nouvelle bibliothèque fut posée en 1823 ; d'autres sources situent la construction entre 1823 et 1826, sur les plans de Cheussey amendés par l'architecte parisien Guy de Gisors. L'édifice, de style néo-classique, se compose d'une galerie à éclairage zénithal ponctuée côté ouest d'une rotonde semi-circulaire et utilise de la pierre calcaire provenant d'anciennes fortifications. Il connut plusieurs agrandissements au cours du XIXe siècle : une première galerie ajoutée en 1842, l'aménagement d'une salle liée à la donation de l'Escalopier en 1867 et des extensions autour de la fin du siècle permettant la création d'une seconde salle de lecture. Un monument commémoratif élevé en 1897 se trouve dans la cour d'honneur. Au XXe siècle, les façades et la décoration intérieure ont été protégées au titre des monuments historiques par arrêté du 22 janvier 1979. Une extension construite à l'ouest en 1982 a précédé d'importants travaux de rénovation et de modernisation qui ont abouti à la réouverture inaugurale de l'édifice en 1993. Enfin, la structure administrative regroupant les bibliothèques de l'agglomération, dénommée « Bibliothèques d'Amiens Métropole », a été mise en place en 2000.