Origine et histoire de la Bibliothèque municipale
La bibliothèque municipale de Cahors, située place François-Mitterrand sur le boulevard Léon-Gambetta, est un monument historique. Ses origines remontent à 1790, quand elle fut installée dans deux grandes pièces de l'école centrale, ancien collège des Jésuites, et gérée par cet établissement. La collection initiale provient des bibliothèques monastiques de la ville réquisitionnées pendant la Révolution. La gestion fut confiée à la municipalité le 8 pluviôse an XI (28 janvier 1803). Le premier catalogue est daté de 1803 ; il fut cependant mis au point en 1877 par François Cangardel et sert encore aujourd'hui. À la fin du XIXe siècle la bibliothèque est transférée dans un bâtiment spécialement construit, dont la construction fut confiée à l'architecte départemental Jean Rodolosse en 1895. Le projet, que l'on situe autour de 1890, a vu son gros-œuvre réalisé sous sa direction entre 1895 et 1899 ; Rodolosse avait envisagé une aile basse le long des allées Fénelon destinée à un promenoir et au musée, projet non réalisé. Le bâtiment rectangulaire est organisé en travées régulières sur deux niveaux et la structure prévoyait à l'origine un rez-de-chaussée largement évidé. Une ligne de poteaux en fonte soutient des poutres et porte des corbeaux en pierre alternant avec des piles de pierre ; ces éléments, rejetés derrière la façade principale, ponctuaient des espaces conçus pour des commerces et visaient à limiter les risques d'incendie. Les aménagements intérieurs de la salle de lecture furent exécutés sur les plans et devis de son prédécesseur et supervisés entre 1902 et 1908 par l'architecte Émile Toulouse. Le large escalier en bois à deux volées, éclairé par une verrière sommitale, est traité en faux appareil de plâtre au rez-de-chaussée puis en faux lambris à l'étage ; une série de bustes de marbre représentant des personnalités locales du XIXe siècle y est installée. La salle de lecture forme un ensemble très cohérent, avec ses meubles de rangement et ses boiseries murales, conçu selon la tradition héritée du XVIIe siècle comme une longue salle aux murs tapissés de livres et longée de fenêtres à l'est. L'espace central est occupé par des tables de lecture ovales et rectangulaires qui encerclent le calorifère. Le plafond est orné de gypseries : moulures et cordons feuillagés délimitent un vaste ovale ponctué de rosaces, tandis que les côtés nord et sud sont traités en bandes et en faux caissons et que les tympans des baies de l'élévation est portent des cartouches rococo non historiés. Le niveau de l'étage était décoré par de grandes toiles de Laury ; il ne subsiste que le tryptique du rez-de-chaussée, le "Marché Arabe" de 1903, ainsi qu'une "Chasse à cour" conservée au musée. La bibliothèque a bénéficié en 1999 de deux protections au titre des monuments historiques : une inscription pour la façade, la toiture et l'escalier, et un classement pour la salle de lecture. Elle recense 40 000 documents.