Origine et histoire de la Bibliothèque municipale de Tours
La bibliothèque municipale de Tours, située 2 bis avenue André-Malraux, en bordure de Loire près de la place Anatole‑France, du pont Wilson et de la rue Nationale, marque visuellement l'entrée nord de la ville. L'édifice actuel succède à un bâtiment détruit par un incendie lors des bombardements de juin 1940. Après la guerre, un projet fut confié à l'architecte Pierre Patout, chargé en 1948 de la création de l'entrée nord de la ville ; Jean et Charles Dorian ont assuré l'aménagement intérieur et la simplification du programme. Les travaux, conduits par Maurice Boille dans les années 1950, se sont achevés en 1957, année d'ouverture ; la pose de la première pierre avait fait l'objet d'une cérémonie officielle le 29 mai 1954. Le bâtiment, identifié aujourd'hui comme « bibliothèque centrale » au sein du réseau municipal, a été construit selon les exigences de la bibliothéconomie de l'époque et présentait un modèle hybride entre salle d'étude érudite et accès libre par rayonnages. Sa structure en béton, avec remplissage des façades en moellons et dallage de pierre, se distingue par un volume cubique surmonté d'un toit pyramidal en cuivre patiné abritant un étage vitré destiné à un auditorium. Intérieurement, les aménagements initiaux de Pierre Patout ont été largement modifiés : les espaces et les niveaux ont été doublés et sont aujourd'hui saturés, et l'accès principal a été déplacé au rez‑de‑chaussée, tandis que le monumental hall d'entrée précédé de degrés reste la trace la plus intacte du projet. La bibliothèque a fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques le 31 décembre 1996. D'importants travaux de mise aux normes ont entraîné la fermeture du site entre avril 2012 et décembre 2013. René Fillet, nommé en 1953 directeur à la fois de la bibliothèque municipale et de la bibliothèque centrale de prêt d'Indre‑et‑Loire, s'est illustré par le développement de la lecture publique, notamment en créant en 1956 le premier bibliobus scolaire de France et en promouvant un réseau de bibliobus et plusieurs annexes. Les collections municipales prennent leur origine dans les saisies révolutionnaires de 1791, mais des déménagements fréquents et un faible intérêt communal avaient favorisé vols et dispersion jusqu'à la mise en place d'un classement systématique au XIXe siècle et au premier catalogue de manuscrits établi par Auguste Dorange en 1875. L'incendie de juin 1940 entraîna la perte de l'essentiel des collections historiques et du riche fonds ancien ; seuls furent sauvés quelques manuscrits de grand prix et quelques incunables. Après-guerre, le fonds ancien a été partiellement reconstitué grâce à des achats et à des dons significatifs, notamment celui de l'abbé Raymond Marcel en 1972. En 2018, l'auteur et animateur Patrice Wolf fit don d'environ 15 000 documents de littérature jeunesse, rassemblés en 2019 au sein du Centre Patrice Wolf, dont le logo a été offert par Bruno Heitz. Aujourd'hui la bibliothèque centrale joue son rôle dans un réseau composé de sept bibliothèques, d'un médiabus et de quatre centres de documentation.
