Origine et histoire
Dès 1745, Dom Malachie d'Inguimbert, évêque de Carpentras, ouvre au public les collections qu'il a rassemblées durant vingt-six années passées en Italie, notamment à Rome où il fut bibliothécaire et confesseur de Clément XI. Ces collections — manuscrits enluminés, imprimés précieux, monnaies, médailles, sceaux, dessins, estampes, antiques, tableaux et objets d'art — ont été léguées à la ville en 1757 et constituent le fonds originel du musée, complété plus tard par des saisies révolutionnaires et de nombreux dons. Initialement entreposées dans les combles, les collections sont transférées en 1847 dans un hôtel particulier acquis par la ville, agrandi entre 1872 et 1887 pour faire face au manque de place. La bibliothèque et les collections muséales restent réunies, offrant des ensembles complémentaires d'œuvres et de documents patrimoniaux. L'établissement regroupe aujourd'hui une bibliothèque de lecture publique, des fonds patrimoniaux de renommée internationale, les archives municipales anciennes et quatre collections muséographiques : beaux-arts (musée Duplessis), arts décoratifs (musée Sobirats, ancien musée Bernus installé en 1947 et enrichi en 1964 par le legs du comte Victor de Sobirats), archéologie (musée lapidaire et archéologique) et arts et traditions populaires (musée Comtadin). Classée le 5 juillet 1974 en raison de la qualité de ses fonds, la bibliothèque Inguimbertine constitue un statut hybride presque unique en France. L'ensemble est dirigé par un conservateur d'État qui veille à la cohésion de ce patrimoine interdisciplinaire. Aux XIXe et XXe siècles, de nombreux donateurs ont encore enrichi les collections par des œuvres, pièces archéologiques, ouvrages, correspondances, instruments et partitions. Le fonds comprend aujourd'hui près de 250 000 volumes dont 100 000 anciens, 3 000 manuscrits, 16 000 dessins et estampes, 4 000 périodiques, 6 000 monnaies et médailles, 1 000 tableaux, 300 sculptures, 1 500 objets d'art et plusieurs milliers de pièces archéologiques, provoquant une saturation des espaces et des conditions de conservation. Pour y remédier, la municipalité a lancé un projet de transfert et de redéploiement des collections dans l'ancien hôtel-Dieu afin d'élargir les publics, permettre de nouveaux usages et services, intégrer les technologies, organiser les collections par thématiques et offrir une muséographie liant l'écrit et l'image. En attendant ce projet, le musée a été restauré en 2008 et a rouvert en mai 2009 : la couleur rouge brun originelle des murs a été restituée, les « épis » ajoutés dans les années 1950 ont été abattus pour redonner du volume à la galerie et les salles ont bénéficié d'un éclairage adapté à la mise en valeur des tableaux.
