Origine et histoire
La bibliothèque Schœlcher, bibliothèque publique départementale de Fort-de-France en Martinique, porte le nom de l’homme politique et abolitionniste Victor Schœlcher et se situe à l’angle de la rue de la Liberté et de la rue Victor Sévère, face au coin nord de la place de la Savane. Victor Schœlcher, député de la Martinique et de la Guadeloupe de 1848 à 1850, légua sa collection de 10 000 livres et 250 partitions au conseil général de la Martinique à la condition que la bibliothèque soit ouverte à tous, notamment pour instruire les anciens esclaves, et placée sous la responsabilité d’un bibliothécaire attitré ; le premier bibliothécaire nommé fut Victor Cochinat. Le conseil général confia la conception du bâtiment à l’architecte Pierre-Henri Picq, qui érigea d’abord l’édifice entre 1886 et 1887 dans le jardin des Tuileries à Paris, puis le présenta comme pavillon de l’Indochine lors de l’Exposition universelle de 1889. Le bâtiment fut ensuite démonté, expédié par bateau et reconstruit sur le site de l’ancien Hôtel du Petit Gouvernement, au bord de la place de la Savane à Fort-de-France. Les travaux subirent plusieurs interruptions, liées notamment à une mise en examen judiciaire de l’entreprise de construction, au grand incendie de Fort-de-France en 1890 qui détruisit la plupart des livres originaux, et au cyclone tropical du 18 août 1891 ; la bibliothèque ouvrit enfin en 1893. Le bâtiment présente un plan carré de 17,75 m de côté et un porche rectangulaire ; sa charpente métallique en courbe pyramidale et sa grande coupole de verre abritent la salle de lecture. Le squelette métallique rappelle celui de la cathédrale Saint-Louis, autre œuvre de Pierre-Henri Picq, et le style de l’édifice mêle influences byzantines, art nouveau, art égyptien et éléments du classicisme occidental, avec des frises portant les noms de grands écrivains français et un fronton extérieur en mosaïque très coloré. Une grande partie des livres envoyés de métropole dès 1884 fit partie du don initial ; environ 1 200 volumes échappèrent à l’incendie de 1890, parmi lesquels un exemplaire de Quatrevingt-treize dédicacé par Victor Hugo. Parmi les pièces remarquables figurent également un Code noir et un traité de navigation en latin du XVIIe siècle. La bibliothèque conserve aujourd’hui un fonds d’environ 130 000 ouvrages, dont un important fonds antillais. L’édifice est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 15 mars 1973 et classé au titre des monuments historiques depuis le 5 janvier 1993.