Origine et histoire
La borne milliaire en pierre de Bruère-Allichamps est un vestige romain remployé et visible sur la place du village. Elle est installée sur une petite plateforme élevée de trois marches, surmontée d’un piédestal et couronnée d’une tablette moderne moulurée. Le bloc de calcaire qui forme la borne porte au sommet une inscription latine disposée sur trois lignes, dont certains caractères sont aujourd’hui effacés ; les distances y sont indiquées en lieues gauloises, ce qui fait de cet objet une borne leugaire mentionnant trois destinations. La section d’origine de la borne est difficile à préciser : les descriptions anciennes la donnent tantôt rectangulaire, tantôt circulaire, cette forme se devinant sous les retailles liées à sa transformation en sarcophage. D’après le dossier de classement de 1909, elle mesurerait environ 2 m de hauteur pour 0,60 m de profondeur.
La borne est attribuée à l’époque gallo-romaine, probablement au IIIe siècle, et remployée comme sarcophage chrétien entre la fin de l’Antiquité et le haut Moyen Âge. Elle a été dégagée lors de fouilles menées près du prieuré Saint-Étienne d’Allichamps par le prieur François Pajonnet au XVIIIe siècle ; les sources indiquent soit 1737, soit 1757 pour sa découverte. En 1799, à l’initiative du duc de Béthune-Charost, elle a été transportée et érigée sur la place de la nouvelle commune, où la tradition la présente comme le « centre de la France ». Une plaque apposée sur le socle relate ces étapes. La borne a été classée au titre des monuments historiques en 1909.
Sur le plan épigraphique, le texte est mutilé : le début de la titulature impériale a disparu lors du retaillage effectué pour le sarcophage, ce qui empêche une identification certaine de l’empereur mentionné. Plusieurs candidats ont été proposés par les spécialistes, et François Jacques, après examen, avance une datation possible en 237 sous le règne de Maximin, rappelant que l’appellatif felix et la formule trib. p. cos. III figurent dans l’épigraphie de cette période. Le décalage observé entre les distances indiquées et celles attendues peut s’expliquer, selon les études, par l’emploi de la grande lieue gauloise de 2,415 km.
Une seconde borne similaire, signalée par de Caylus et retrouvée dans les mêmes circonstances, est mentionnée dans les corpus anciens mais n’a pas été retrouvée ultérieurement et est considérée comme disparue. La borne de Bruère-Allichamps reste un témoin rare des milliaires antiques portant une triple indication de voies, liées au réseau routier et aux stations de la cité des Bituriges Cubi.
Localisation : place de Bruère-Allichamps, à l’intersection de la route départementale D2144 (Bourges–Montluçon) et de la D92, à quelques kilomètres au nord de l’abbaye de Noirlac.