Origine et histoire
Cette borne honorifique gallo-romaine de Limoges, probablement une colonne itinéraire, était connue depuis le XVIIIe siècle et a été détruite en 1893 par le Service des travaux publics de la ville de Limoges. Elle était située non loin de la porte Panet, au milieu de la rue ou sur la place de la Règle, en face des entrées de l'ancienne abbaye de la Règle, alors transformée en Grand séminaire. Plusieurs antiquaires et épigraphistes l'ont qualifiée de borne milliaire, tandis que d'autres ont jugé la pierre illisible et ont mis en doute son caractère milliaire. Selon Charles-Nicolas Allou, la colonne en « pierre du pays » (un granite blanchâtre) était assez fortement inclinée, mesurait environ cinq pieds de haut pour quinze pouces de diamètre ; Florian Vallentin lui attribue 1,63 m de hauteur et 0,53 m de diamètre, en précisant que sa base était enfoncée dans le sol. La surface était fortement arasée par l'action des agents atmosphériques et mécaniques ; Vallentin y a déchiffré des fragments transcrits « [imp] CAES [anto]NINO », que l'on peut restituer par Imperatori Caesari, Antonino. Émile Espérandieu, plus prudent, n'a distingué qu'un T ou éventuellement la ligature TI, et Allou rapporta la présence d'un grand P au sommet. Certains auteurs ont proposé que la borne ait pu provenir du bourg du Palais, où un bloc de granit prismatique, déjà connu, porte quatre petits cercles creusés sur sa base supérieure, mais la Société archéologique et historique du Limousin, en 1893, ne considérait pas que la borne de Limoges eût été déplacée. Il ne faut pas confondre cette colonne avec un autre fragment épigraphique publié en 1884 par Antoine Héron de Villefosse, trouvé engagé dans le soubassement de la tour d'entrée de la cathédrale, qui fut peut‑être une autre borne milliaire. La pierre figure dans des dessins de Pierre Beaumesnil (vers 1774–1787) et a fait l'objet de lectures et de discussions par divers érudits : Allou notait l'absence des caractères habituellement assignés aux milliaires, Vallentin rapprochait son aspect d'un milliaire daté de l'année 243 dédié à Gordien III, et, plus tard, Espérandieu et le chanoine J. Arbellot la considéraient pour l'essentiel anépigraphe. Louis Guibert signala que la pierre avait disparu lors d'une réparation du pavé, et son enlèvement par le Service des travaux publics est attesté avant le 29 août 1893. Malgré sa destruction, la borne a été classée au titre des monuments historiques comme objet mobilier par arrêté du 29 janvier 1894 ; elle apparaît ensuite dans la liste dite immeuble de 1900, sans toutefois être classée à ce titre. Elle a été radiée des listes des objets mobiliers en février 1956 et des listes des immeubles en 1984, la base Palissy signalant toutefois qu'aucun arrêté de déclassement au titre d'objet mobilier n'a été pris.