Origine et histoire des Bornes de sauveté
Les bornes ou pyramides de sauveté de Mimizan, appelées ici « Cinq piles de pierre », sont un ensemble de cinq piles maçonnées qui délimitaient le périmètre de l'ancienne sauveté de Mimizan, dans les Landes. Aux Ve, VIe et VIIe siècles, l'Église catholique instaura des asiles dans ses monastères, cimetières ou églises paroissiales. Plus tard, notamment après les raids vikings, elle créa de vastes espaces autour de lieux de culte, délimités par des bornes, pour protéger les populations. Pour Mimizan, la « frangitas » d'un manse est évoquée entre 1009 et 1032 lors de la confirmation d'une donation au prieuré Sainte Marie, et la « Salvitas » de Mimizan apparaît pour la première fois en 1270. La sauveté était originellement délimitée par sept à neuf bornes formant un polygone irrégulier de plus de 200 hectares. Cinq de ces bornes subsistent aujourd'hui ; quatre sont accessibles au public et la cinquième se trouve dans l'enceinte de la papeterie Gascogne Papier. Bâties sur des monticules, ces hautes bornes en garluche ont la forme de pyramides élancées. Elles s'élevaient initialement à une hauteur de 4,10 à 4,50 mètres, étaient espacées d'environ 1800 mètres et étaient surmontées d'une croix pour être visibles de loin depuis la plaine. La sauveté de Mimizan était centrée autour de l'église du prieuré bénédictin Sainte Marie, dont il ne subsiste que le clocher-porche, et elle accordait franchises et libertés à la communauté qui vivait dans ses limites. Les bornes de sauveté ont été inscrites aux monuments historiques par arrêté du 13 juin 1941, pendant l'occupation allemande (28 juin 1940–24 août 1944). La borne de Vigon n'occupe plus son emplacement d'origine : elle a été déplacée de quelques mètres en 1963 pour permettre la construction d'une maison. Avec la borne de Cantegrouilles, elle constitue l'un des vestiges les mieux conservés. Des deux bornes qui délimitaient la partie sud de l'ancienne sauveté, il ne reste aujourd'hui que les fondations. Des documents et des images illustrent l'ensemble, notamment un extrait de la carte de Cassini (feuille n°137) vers 1780 marquant l'emplacement des pyramides, le vestige de la borne de Cadette près de l'avenue des Castors, une vue de la rue de la Sauvetat et des photographies anciennes dont une de 1884 par Jean‑Auguste Brutails.