Origine et histoire de la Bourse de commerce
La Bourse de commerce, édifice circulaire coiffé d'une coupole, se situe rue de Viarmes, dans le 1er arrondissement de Paris. L'édifice actuel, construit en 1888-1889 par l'architecte Henri Blondel, occupe l'emplacement de l'ancien hôtel de Soissons. Blondel a intégré des éléments conservés de cet hôtel, de la halle aux blés conçue par Nicolas Le Camus de Mézières et de la seconde coupole réalisée par François-Joseph Bélanger. Le bâtiment de Blondel, de plan circulaire, est formé de vingt-cinq travées, dont la partie inférieure a été maçonnée en brique et la coupole modifiée en fonte et verre avec un nouvel étage et un entresol. La façade principale occidentale s'ouvre par un portique à fronton, porté par quatre colonnes corinthiennes, et surmonté de trois allégories sculptées par Aristide Croisy représentant la Ville de Paris, l'Abondance et le Commerce. L'intérieur conserve l'armature en fer de la charpente de Bélanger et présente une rotonde richement décorée. Dans la partie inférieure de la coupole, une fresque monumentale de toiles marouflées, réalisée entre 1886 et 1889, fait l'apologie du commerce international et représente les cinq parties du monde. Cette composition de 140 mètres de longueur et 10 mètres de hauteur a été peinte par Évariste-Vital Luminais (L'Amérique), Désiré François Laugée (La Russie et le Nord), Victor Georges Clairin (L'Asie et l'Afrique), Hippolyte Lucas (L'Europe), les sections étant séparées par quatre grisailles d'Alexis-Joseph Mazerolle. La fresque, de style réaliste idéalisé propre à l'académisme de la IIIe République, a été restaurée en 2021 par Alix Laveau. Le site a une histoire antérieure dense : l'hôtel de Soissons, devenu délabré, fut vendu puis rasé en 1748-1749 après avoir été saisi par les créanciers de son propriétaire. La ville acquit le terrain et, par lettres patentes de 1762, autorisa le lotissement du site et la construction d'une nouvelle halle aux blés. Nicolas Le Camus de Mézières dressa alors un projet annulaire comportant 25 arcades et deux galeries concentriques protégées par des voûtes et des colonnes d'ordre toscan, avec des greniers voûtés et de vastes escaliers dont un à double révolution. La cour intérieure resta d'abord découverte, puis fut couverte entre 1782 et 1783 par une coupole en charpente conçue par Jacques-Guillaume Legrand et Jacques Molinos et réalisée par le menuisier André-Jacob Roubo. Cette charpente, couverte de cuivre étamé et surmontée d'une lanterne, fut admirée à l'époque mais détruite par un incendie en 1802. La coupole fut reconstrite en fonte, sous la direction de Bélanger et de l'ingénieur François Brunet, entre 1806 et 1811, et couverte primitivement de feuilles de cuivre, remplacées par des vitres en 1838. La halle fut à nouveau affectée par un incendie en 1854 ; son activité déclina et elle fut fermée en 1873. En 1885, le bâtiment fut attribué à la Chambre de commerce, qui le transforma en bourse de commerce sous la direction d'Henri Blondel ; l'édifice réaménagé fut inauguré le 24 septembre 1889, à l'occasion de l'Exposition universelle. Les transformations s'inscrivirent dans les travaux d'aménagement du Second Empire et s'accompagnèrent de démolitions et d'élargissements des voies environnantes, notamment de la rue de Viarmes, et de la création de nouvelles voies d'accès. Au XXe siècle, l'environnement urbain évolua encore : des percées et des opérations sur les pavillons des Halles modifièrent les abords, et l'aménagement du jardin Nelson-Mandela, après la destruction de pavillons dans les années 1970, ouvrit la vue depuis l'est. La Bourse abrita de nombreux marchés à terme, pour des produits tels que les blés, les farines, les huiles, les sucres, les alcools et le caoutchouc, et connut d'importantes réformes après l'effondrement des cours du blé en 1929, avec la création de la Compagnie des commissionnaires en 1935, confirmée par une loi de 1950. La ville transmit la propriété du bâtiment à la Chambre de commerce pour un franc symbolique en 1949, et l'activité de marchés à la criée s'est poursuivie jusqu'à l'informatisation et la fin des transactions sur place en 1998, transférées ensuite sur Euronext. La coupole et son décor sont classés monument historique depuis 1986, et d'importants travaux de restauration ont été menés en 1989 et en 1997 pour la fresque inférieure. Pendant des décennies la Chambre de commerce a occupé le monument, y proposant des services aux entreprises et accueillant régulièrement des expositions sous la coupole. À partir de 2016, le projet culturel porté par François Pinault a conduit à la reconfiguration du site : la ville a acquis le bâtiment en 2017 pour 86 millions d'euros et a confié sa gestion à une filiale d'Artémis via un bail de cinquante ans. Les architectes associés au projet comprenaient Tadao Andō, Pierre-Antoine Gatier, Lucie Niney, Thibault Marca et le groupe Setec ; l'établissement, ouvert le 22 mai 2021, offre 3 000 m2 d'exposition, un restaurant au troisième étage et un studio en sous-sol de 286 places. La programmation est coordonnée avec les sites vénitiens de la Collection Pinault, chaque lieu conservant sa direction propre, et Emma Lavigne dirige la collection depuis septembre 2021. En juin 2021, la presse a mis en lumière des conditions de travail défavorables pour des agents d'accueil employés par un prestataire. Sur le plan architectural, Blondel a préservé l'anneau de Le Camus et l'armature en fer de Bélanger, tandis que l'entrée occidentale et le décor néo-Renaissance confèrent au bâtiment sa monumentalité. La rotonde conserve également l'escalier à double révolution et une riche décoration intérieure qui témoigne de l'architecture et des ambitions de la fin du XIXe siècle.