Origine et histoire de la Bourse du travail
La Bourse du travail, située dans le 3e arrondissement de Lyon, a été construite de 1929 à 1936 par Charles Meysson, architecte en chef de la ville. Sur la façade de la rue de Créqui se trouve une grande mosaïque mise en place en 1934 par trente-cinq mosaïstes et réalisée par le peintre Fernand Fargeot ; elle représente « la ville embellie par le travail » et comporte les figures de l’architecte Meysson et du maire Édouard Herriot. La décoration intérieure, réalisée en 1936 par une douzaine d’artistes lyonnais, comprend des panneaux en simili-plâtre et de grands tableaux, dont certains relèvent du « réalisme socialiste ». La grande salle de spectacle a été modifiée en 1971, ce qui a entraîné la suppression du plafond lumineux d’origine. Fondée en 1891, la Bourse du travail fut d’abord le foyer de l’activisme révolutionnaire lyonnais et accueillit progressivement des pièces de théâtre destinées à former une culture ouvrière et anti-partisane. La salle, d’une capacité de 1 920 places, a perdu sa fonction politique et sociale mais accueille aujourd’hui de nombreux concerts, one-man shows, spectacles de danse et séminaires. La grande salle, à l’origine destinée aux réunions des travailleurs et de leurs syndicats, porte le nom de salle « Albert Thomas », en hommage au fondateur de la Revue Syndicaliste et de l’Information Ouvrière et Sociale et premier directeur du Bureau international du Travail. C’est dans cette salle que se sont déroulées les grandes luttes sociales de l’agglomération, de 1936 à 1968, comprenant notamment les mobilisations des métallos en 1938, des ouvriers du bâtiment, des traminots en 1958, la grande grève des fonctionnaires en 1953, ainsi que des actions des postiers. En novembre 1966, le maire Louis Pradel fit adopter par le conseil municipal le changement d’affectation de la salle, malgré sa vocation initiale, et les syndicats conservèrent toutefois un droit de préemption pour leurs meetings. La salle Albert Thomas a vu se multiplier les réunions publiques en 1968, parfois au-delà de sa capacité. La Bourse du travail ne se limite pas à cette salle : sur quatre étages, l’édifice met à disposition des salariés et des syndicats cinquante-cinq salles de permanence syndicale, cinq salles de réunion de 40 à 112 places, deux salles de congrès de 300 et 350 places, ainsi qu’une salle d’archives, un logement de gardien, une salle de consultation juridique et un secrétariat pourvu d’une salle d’attente et d’une bibliothèque. Des milliers de salariés y sont venus pour s’informer, être conseillés ou défendus en matière de droit du travail. L’institution est gérée par un conseil d’administration où sont représentés les syndicats hébergés sur place, notamment la CGT, la CFDT et la FSU ; la ville demeure propriétaire du bâtiment et le met à disposition des organisations syndicales qui le gèrent. Les façades décorées, les toitures et l’atrium décoré de la Bourse font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 2 novembre 1989. Le site est desservi par la station de métro Place Guichard - Bourse du Travail.