Origine et histoire de la Bourse du travail
La Bourse du travail, également appelée Palais des auditions et des cours publics, est un édifice situé à Saint-Étienne (quartier Centre-ville - Peuple - Chavanelle) édifié au début du XXe siècle. Le bâtiment présente un plan régulier : ses salles s'organisent symétriquement autour d'un espace central de plan carré, et un péristyle promenoir relie les deux ailes latérales. Les pavillons latéraux portent, à leurs angles, des médaillons aux représentations symboliques — bonnets phrygiens, lierre et mains réunies avec le mot « solidarité », ainsi que têtes et pattes de lion et branches de chêne accompagnées du mot « force ». Au rez-de-chaussée se trouvent les salles des pas perdus et les ateliers ; à l'étage se situent la grande salle d'audition et les escaliers desservant les bureaux des ailes latérales.
Dès 1881 la construction d'une salle de conférences et de cours publics est évoquée, mais la ville met d'abord à disposition la salle du cirque rue de la République. En 1888 la première Bourse du travail de Saint-Étienne est aménagée dans un immeuble loué place Marengo, puis elle occupe ultérieurement des locaux loués au 6 place Jean-Jaurès, qu'elle doit quitter à la fin du bail en 1906. L'emplacement retenu pour la construction actuelle se situe le long de l'actuel cours Victor-Hugo, dans l'ancien quartier des Gauds réhabilité depuis 1850 sur le lit du Furan couvert.
Dès 1896 l'architecte municipal Léon Lamaizière dessine les plans d'un Palais des Auditions et Cours Publics destiné à loger un cartel de syndicats locaux subventionnés et hébergés par la municipalité pour assurer le placement, la formation professionnelle et la défense des intérêts syndicaux ; il est assisté par un adjoint nommé Coste. La réalisation est retardée par les turbulences politiques et sociales de l'époque, notamment la grève de 1900, et le conseil municipal n'adopte les plans qu'en 1901 sous la présidence du maire Jules-Ledin, ancien ouvrier tisseur et secrétaire de la Bourse en 1893. La première pierre de l'édifice est posée en 1902 ; les entrepreneurs chargés de l'exécution sont ceux qui travaillaient habituellement avec l'agence Lamaizière et les travaux s'étalent sur deux ans.
À partir de 1904 la nouvelle Bourse est partiellement occupée par le bureau de placement des ouvriers sans emploi, par les services des syndicats et par de nombreux cours de formation professionnelle tels que géométrie et dessin, et la réception des travaux a lieu en 1905. En 1906 la Ville acquiert deux œuvres sculptées de Victor Zan, « La Grève » et « Le Grisou », et commande à Auguste Berthon un décor pour le fond de scène de la salle des fêtes, aujourd'hui inutilisée. À la demande des ouvriers tisseurs, des cours de tissage sont organisés à partir de 1908. De nombreuses sociétés de secours mutuel, des cours de phototypographie et même le cinéma parlant en 1937 s'installent dans l'édifice, qui sert de point de ralliement aux manifestations ouvrières et reçoit des orateurs tels que Léon Blum et Maurice Thorez.
La salle des pas perdus est réduite en 1907 puis renommée salle Sacco-et-Vanzetti en 1927. Le fond de scène décoré par Auguste Berthon s'est dégradé et, depuis 1974, est masqué par un mur décoré en 2022 par une œuvre d'Ella & Pitr. Les façades et les toitures, le péristyle, la salle Sacco et Vanzetti et la salle des fêtes ont fait l'objet d'une inscription aux monuments historiques en 2002.